Dans l’iconographie, saint Denis est reconnaissable parce qu’il porte sa tête dans ses bras. D’où vient ce motif de la céphalophorie ?
Depuis le Moyen Âge, les artistes s’efforcent de représenter les saints personnages de manière à ce qu’ils soient reconnus par le public. Il convient donc que chaque saint soit doté d’un ou de plusieurs attributs qui permettent de le distinguer des autres. On reconnaît par exemple saint Pierre à ses clés, saint Jérôme à son lion, saint Antoine à son cochon ; quant à saint Denis, on le reconnaît parce qu’il est habillé en évêque, mais surtout parce qu’il est un saint “céphalophore”,un saint qui porte sa tête dans ses bras (fig.1 ,ci-contre, 2, 3 et 4 en bas de page). Denis n’est pourtant pas le plus célèbre saint décapité de l’histoire. On connaît mieux saint Jean-Baptiste, dont la tête coupée fut apportée sur un plateau à Salomé, belle-fille du roi Hérode ; une tête que de nombreuses églises prétendent d’ailleurs posséder. Mais Jean-Baptiste n’a jamais porté lui même sa tête, contrairement à Denis. La céphalophorie est donc devenue l’attribut, par excellence, de saint Denis de Paris.
Les premiers textes conservés relatifs à saint Denis ne parlent pas de céphalophorie. Le thème n’apparaît pour la première fois que dans la deuxième version de la Passion, écrite avant la fin du VIIe siècle. L’auteur montre alors Denis, à peine décapité, se lever, prendre sa tête dans ses bras et parcourir à pied toute la distance qui le sépare du lieu où il souhaite se faire enterrer. Si cette histoire étonnante est présentée comme un miracle, elle répond cependant à un but précis : l’auteur veut démontrer que Denis a choisi lui-même le lieu de sa tombe, dans la (future) basilique de Saint-Denis, et qu’il n’est pas question de déplacer son corps. Au-delà de son caractère fabuleux, l’histoire du Denis céphalophore permet ainsi aux moines de Saint-Denis d’affirmer avec force qu’ils sont les gardiens légitimes de la dépouille de Denis puisque le saint l’a voulu ainsi.
saint Denis portant sa tête.
Jacques de Voragine, La Légende dorée
traduction Jean du Vignay (1348)
Ms. Paris, Bibl. Nat. fr.241, fol. 275v.
L’histoire du saint qui porte sa tête ne remonte donc pas aux origines du culte de saint Denis : il n’apparaît dans la légende qu’au VIIe siècle. Or, d’autres textes datant de la même époque attribuent la même caractéristique à d’autres saints. C’est le cas, par exemple, de saint Just de Beauvais, longtemps considéré comme le premier saint céphalophore de l’histoire. Mais c’est probablement la Passion de Denis qui a inspiré ces textes et non le contraire : le succès de son culte était tellement manifeste à l’époque mérovingienne qu’il pouvait aisément servir de modèle. En revanche, l’idée que les disciples de Denis, Rustique et Éleuthère aient pu eux aussi porter leur tête n’est attestée dans aucun texte. On peut donc se demander pourquoi certains artistes les ont représentés tous les trois ensemble dans cette posture de saints céphalophores (Figure 4 ci-dessous)...
saint Denis, saint Rustique et saint Éleuthère.
Bréviaire à l'usage de Langres (1481)
Ms. Chaumont, BM0033, fol. 456. Collection des Silos, Maison du livre et de l’affiche. Cliché IRHT
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