Véritable parure pour la basilique, les vitraux apportent la lumière au bâtiment mais ils sont aussi une véritable technique artistique qui atteint son plein épanouissement au Moyen Âge. L’art du vitrail est attesté en Occident vers l’an mil. C’est un art monastique, associé à une théologie de la lumière, qui exige la maîtrise de plusieurs techniques telles que la peinture ou l’orfèvrerie. À travers la conception de l’église abbatiale, Suger voulait traduire sa mystique de la lumière, voie de communication entre Dieu et les hommes, d’où l’importance des vitraux de la Cathédrale Basilique de Saint-Denis.
Avec le XIIe siècle, les ateliers de peintres verriers se multiplient sur les chantiers des cathédrales où chaque maître à son propre style dont certains sont toujours reconnaissables aujourd’hui. L’entretien de ces verrières exige un personnel très qualifié, capable si l’état du vitrail l’exige, d’effectuer une première restauration tout en demeurant dans le plus grand respect de l’½uvre originale. À Saint-Denis, un maitre verrier est attaché en permanence à l’entretien des vitraux dès le XIIe siècle. Cette spécialisation entraîne, au XIVe siècle, la séparation entre création et travaux de conservation.
Progressivement, des laïcs vont s’immiscer dans l’art du vitrail mais ils ne seront officiellement reconnus et ne pourront signer leurs ½uvres qu’à partir du XVe siècle. De véritables dynasties de peintres verriers apparaissent alors. Contrairement aux premiers peintres verriers qui se déplaçaient d’un chantier à l’autre, ceux-ci se sédentarisent et jouissent d’un grand prestige. Ils bénéficient souvent d’exemptions fiscales, voire de l’anoblissement.
L’essentiel de la technique du vitrail date du Moyen Âge même si, depuis le XVIe siècle, le diamant remplace la tige chauffée au rouge pour la découpe. Depuis le XIIe siècle, et aujourd’hui encore, la feuille de verre à vitrail est obtenue par soufflage à la bouche d’un manchon cylindrique de verre en fusion, cueilli au bout d’une canne creuse, fendu dans sa longueur puis déroulé à plat.
La feuille de verre est alors découpée selon les contours d’une maquette dont le tracé a été porté sur un carton fort. Ces découpes sont ensuite peintes grâce à de fines poudres d’oxydes de fer ou de cuivre mélangées à un fondant ou à un liant : ce sont les grisailles. De teintes très diverses, les grisailles dessinent sur le verre les traits et les effets de volume. La peinture est alors fixée sur le verre par cuisson dans un four chauffée à 630°, durant 4 à 5 heures.
Voici trois siècles, Denis Diderot (1713-1784) naissait à Langres. Ecrivain et philosophe, il co-dirige, avec d’Alembert (1717-1783), la fameuse Encyclopédie qui sera l’½uvre de sa vie de 1747 à 1765. Voici comment y est décrite la technique de fabrication du verre : Les matériaux qui composent la pâte de verre (le silice, la soude et la chaux) sont portés à une très haute température, entre 1200 et 1300 degrés, afin d’obtenir un mélange fluide et homogène. La fusion s’effectue dans un creuset se trouvant à l’intérieur du four.
Une fois à l’état liquide, le verre en fusion est laissé légèrement refroidir avant de le cueillir à la canne. Celle-ci est un tube de fer pouvant atteindre deux mètres de long et d’un diamètre interne d’un centimètre. Avec sa canne, le maître « cueille » de la matière en fusion à l’intérieur du four. Puis il souffle dans sa canne tout en roulant la boule de verre sur un marbre pour lui donner une forme à peu près sphérique. Une tige de fer est ensuite fixée à la boule et l’on retire la canne.
Se protégeant les yeux avec un masque, le maître maintient alors la boule dans un four en lui imprimant un énergique mouvement de rotation. Le verre se ramollit et la force centrifuge lui donne peu à peu la forme d’un disque aplati. Puis, d’un geste rapide, le maître retire le disque du four et continue de la faire tourner jusqu’à ce qu’il soit complètement dur et refroidi.
Les troubles liés aux guerres de religion entraînent une certaine désaffection à l’égard des verres de couleur provoquant une crise importante chez les peintres verriers. Mais l’engouement pour le Moyen Âge du XIXe siècle et les grands chantiers de restauration relancent l’art du vitrail.
En octobre 1805, sous la direction de Jacques Legrand, la rose du transept nord puis tous les grands vitraux déposés lors de la Révolution pour en récupérer le plomb des armatures, sont progressivement remplacés. Quelques mois plus tard, en mars 1806, le chevet et la croisée côté midi sont achevés, ainsi que la première croisée du ch½ur et la rose côté midi.
Dix ouvriers sont employés en permanence pour la préparation des verres propres à la construction des vitraux conçus pas les architectes en charge de la restauration. Ils logent dans l’église même. Selon Ferdinand-Albert Gautier (1748- ?), dans son Supplément à l’histoire de l’abbaye royale de Saint-Denis en France, des fourneaux sont pratiqués dans une grande cheminée, près de l’orgue, sous la tour des bourdons.
Viollet-Le-Duc mènera les dernières restaurations et créations verrières de la basilique.
Livre : La Basilique Saint-Denis et ses grands chantiers paru en avril 2022, auteur : Jean-Michel-Leniaud
Les Gisants de la Basilique de Saint-Denis, auteur : Antoine Schneck
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