seine saint denis
Basilique cathédrale Saint-Denis

Les autres saints céphalophores

L'histoire de Denis portant sa tête a connu un franc succès. De nombreux autres saints ont suivi son exemple.

Le succès du motif de la céphalophorie

À l'heure actuelle, les spécialistes ont recensé plus de cent vingt saints céphalophores. Leurs histoires, très diverses, sont connues par de nombreux textes écrits au Moyen Âge et à l'époque moderne. Dans la plupart des cas, il s'agit de saints décapités qui prennent leur tête entre leurs mains et manifestent, soit par une déclaration orale, soit par une marche miraculeuse, leur souhait de se faire enterrer en un lieu précis. Les plus célèbres sont vénérés dans le nord de la France et sont parfois présentés explicitement comme des disciples de saint Denis. C'est le cas, par exemple, des saints Fuscien et Victoric, décapités non loin d'Amiens et vénérés encore aujourd'hui dans la cathédrale d'Amiens, mais aussi de saint Lucien de Beauvais (fig.8), ou de saint Just, vénéré à Saint-Just-en-Chaussée dans le Beauvaisis.

Les céphalophores : religieux ou laïcs

Dans l'iconographie, saint Denis est parfois confondu avec d'autres saints céphalophores, tels saint Nicaise de Reims ou saint Euchaire (fig.9), évêque itinérant enterré à Liverdun, qui portent comme lui la crosse (bâton du pasteur) et la mitre (chapeau triangulaire) parce qu'ils étaient évêques. Si de nombreux céphalophores sont présentés comme des religieux, les anciennes légendes racontent aussi l'histoire de laïcs qui, après avoir été décapités dans des circonstances diverses, auraient porté leur tête entre leurs mains. C'est le cas de saint Livier, un noble et valeureux guerrier originaire de Metz, qui passe pour avoir défendu sa ville contre les Huns d'Attila en 451 avant d'être décapité par eux. Il est reconnaissable à son armure, comme sur cette estampe de Jacques Callot (fig.10). Quant à saint Trémeur, vénéré en Bretagne, la légende le présente comme le jeune fils de sainte Triphine, assassiné à Carhaix par son beau-père, le comte Conmore, au VIe siècle. Dans l'iconographie, il apparaît comme un enfant martyr céphalophore, parfois figuré sous les traits d'un beau jeune homme aux longs cheveux (fig.11).

Hommes ou femmes

En matière de céphalophorie, les saintes femmes ne sont pas en reste ! Parmi les plus célèbres, on peut mentionner sainte Noyale, présentée comme la fille d'un roi d'Angleterre qui se serait réfugiée en Bretagne pour éviter un mariage arrangé. Décapitée à Beignan par un seigneur local, elle se rendit à Pontivy en portant sa tête (fig.12). Dans le Limousin, sainte Valérie, martyrisée après avoir été convertie au christianisme par saint Martial, premier évêque de Limoges, aurait porté sa tête pour la poser sur l'autel où saint Martial célébrait la messe (fig.13). Quant à sainte Solange, son histoire très légendaire en fait une jolie bergère assassinée près de Bourges par le fils d'un comte parce qu'elle refusait ses avances et voulait conserver sa virginité. Elle aurait porté sa tête jusqu'à l'église Saint-Martin (fig.14).


Figure 8 :

Saint Lucien de Beauvais.
Statue, bois, anonyme, XVIIIe s.
Inv. 78418. Beauvais,Musée départemental de l'Oise
 


Figure 9 :

Saint Euchaire (IVe s.), évêque itinérant du diocèse de Toul.
Gisant, XVe s., église Saint-Pierre de Liverdun (Meurthe-et-Moselle)
Cliché Alain Belveyre
 


Figure 10 :

Saint Livier (Ve s.).
Jacques Callot (1592-1635), Les Images
de tous les saints et saintes (vers 1630)
Lyon, BM, F17CAL002704
©BM Lyon, Didier Nicole
 


Figure 11 :

Saint Trémeur (VIe s.).
Statue, décoration de l'autel néogothique (fin XIXe s.) par Ernest Le Guerranic
Église Saint-Trémeur de Carhaix-Plouguer (Finistère)
Cliché Gilles Pouliquen
 


Figure 12 :

Sainte Noyale (VIe s.), statue d'autel (XIXe s.).
Oratoire Saint-Jean, Chapelle Sainte-Noyale,Noyal-Pontivy (Morbihan)
Cliché Gilles Pouliquen
 


Figure 13 :

Sainte Valérie (IIIe s.), statue polychrome XVe s.
Église paroissiale Saint-Michel-des-Lions, Limoges (Haute-Vienne)
Cliché Stéphane Bernard
 


Figure 14 :

Sainte Solange, statue en bois polychrome, XIXe s.
Inv. 1967.39.1. Bourges, Musée du Berry



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