Saint Denis n’est pas un saint comme les autres. Sa légende extraordinaire et son culte royal continuent à marquer les esprits.
Grâce à l’invention de laxylographie puis de la lithographie, techniques qui permettent la reproduction d’estampes en grand nombre, les images de saints qui ornaient les anciens livres d’heures, réservés à l’élite de la société, sont mises à la portée de tous. Jusqu’au milieu du XXe siècle, les images de dévotion connaissent un grand succès auprès des croyants. Généralement assorties d’une prière, elles contribuent à faire connaître les saints et à les rendre plus accessibles. Dans la ville d’Épinal, la fabrique de Jean-Charles Pellerin, fondée vers 1810, se spécialise dans la production d’images coloriées, tant profanes que religieuses. Son succès explique que le nom d’Épinal soit passé dans le langage courant pour désigner une image populaire, simplifiée à l’excès. Comme bien d’autres saints, Denis a ainsi fait l’objet d’une “image d’Épinal” qui le représente classiquement en saint évêque céphalophore, les yeux clos, les traits marqués par la souffrance du martyre (fig.6).
Parallèlement à la dévotion populaire, saint Denis demeure un saint politique qui figure dans le patrimoine national français. On ne peut s’étonner qu’il orne encore aujourd’hui la chapelle du Palais de l’Élysée ! Les peintres du XIXe siècle en offrent cependant une image rajeunie qui tranche nettement avec les représentations précédentes, comme en témoignent les ½uvres du célèbre Jean Auguste Dominique Ingres pour la chapelle Saint-Louis de Dreux (fig.7, au centre) et de Sébastien-Melchior Cornu pour l’Élysée (fig.8, au centre) : dans les deux cas, un homme jeune,dynamique, tête nue, barbu, habillé sobrement, semble vouloir convertir le spectateur. Denis n’apparaît donc ici ni comme le martyr céphalophore ni comme l’évêque de Paris mais plutôt comme l’évangélisateur de la Gaule. De toute évidence, les peintres ont tenté d’imaginer un Denis dépouillé de ses légendes et plus conforme à la réalité historique de l’époque des premiers chrétiens.
Aujourd’hui, saint Denis demeure le symbole de la ville qui porte son nom. Les cartes de v½ux de nouvel an de la mairie de Saint-Denis sont régulièrement dessinées par des artistes contemporains. Parmi eux, certains, tels Jacques de Loustal, né en 1956, et Robert Combas, né en 1957, ont choisi de représenter le saint céphalophore (fig.9 et 10). Dans ces deux cas, on constate que le saint est figuré d’une manière classique, qui permet son identification immédiate. De manière plus allusive et symbolique, une artiste brésilienne, Vanessa Rosa, s’est récemment emparée du thème de la céphalophorie (fig.11) pour représenter des étudiants pensifs sur les murs de l’Université Paris VIII à Saint-Denis : à en perdre la tête ? L’iconographie de saint Denis a donc déjà une longue histoire, mais elle n’est sûrement pas terminée...
Figure 6
Saint Denis, évêque et martyr.
Estampe coloriée (XIXe s.)
Fabrique Pellerin, Épinal
Figure 7
Détail.
Figure 9
Saint-Denis 2009.
Jacques de Loustal
Sérigraphie éditée par la ville de Saint-Denis pour les v½ux 2009
©Anagraphis
Figure 10
Saint-Denis 1997.
Robert Combas
Sérigraphie éditée par la ville de Saint-Denis pour les v½ux 1997
©Anagraphis, cliché Yann Mambert
Figure 11
Personnage tenant sa tête.
Vanessa Rosa (hommage à saint Denis), 2010
Huile, collage sur murs, Université Paris VIII
Cliché Yann Mambert
Livre : La Basilique Saint-Denis et ses grands chantiers paru en avril 2022, auteur : Jean-Michel-Leniaud
Les Gisants de la Basilique de Saint-Denis, auteur : Antoine Schneck
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