Humanity - Batsh - Point Ephèmère - Paris
Batsh nous a quitté.e.s. Il est pourtant toujours avec nous. Batsh a vécu pour son art, son art militant, son art de rue au sens noble du terme. Parcourant le monde, il a laissé sur son passage des traces, des traces subtiles de peinture, des traces de bombes comme autant de traces d'amour.
Nous avons eu maintes fois le bonheur de travailler avec lui, de cotoyer sa générosité et son engagement total dans les projets artistiques. En 2018, Batsh faisait partie de la "Dream Team" engagée par Marko 93 pour réinterpréter des photographies du fond Harcourt. Il a peint deux splendides fresques. Un bébé cadum noir dont l'interprétation dépassait largement la sympathie que dégageait déjà la photographie. Peut-être était-ce lui qu'il peignait ouvrant ses bras à l'humanité dans un élan de bonheur. Puis à Bondy, dans sa ville, il a peint l'actrice Aissa Maïga se reconnaissant dans l'engagement de l'actrice contre les discriminations et l'exclusion. Enfin il y a quelques mois, il avait accompagné une croisière pour parler de street art à des enfants qui ne partaient pas en vacances. Il avait fait preuve d'un sens profond de pédagogie et d'une grande générosité. Il avait, là encore, tout donné comme s'il s'était agit de ses propres enfants. Agile, précis, documenté... passionnant. Il était plein d'espoir pour le renouveau de sa ville et de son département. Son héritage est partout sur le canal de l'Ourcq et ses couleurs seront toujours là pour nous rappeler que les grands artistes ne disparaissent jamais vraiment.
Batsh pratique le graffiti dans les années 1990, pour intégrer progressivement les outils numériques à son travail. Inspiré par la scène alternative new-yorkaise, berceau de la culture Hip Hop dont il est passionné depuis son adolescence, il assiste à des performances hip hop dans des festivals tels que Back To Planet Rock, Battle of the Years, qui vont influencer son processus de création. Autodidacte connu pour ses portraits ciselés, il combine habilement le graffiti et le portrait.
Artiste engagé, la majorité des messages de ces œuvres sont militants, reliés à l’histoire des personnes de couleurs, à l'anticolonialisme et à l'anticapitalisme. Il exprime systématiquement le désir et le besoin de liberté pour chacun. Ses œuvres en noir et blanc qu’il signe d’un tag énergique sont à la fois subtiles et agréablement subversives. Fidèle au travail de rue comme en témoigne la présence de nombreuses fresques dans le nord-est parisien et en Seine-Saint-Denis, l'art de Batsh se retrouve à présent en galerie.
Inspiré de la photographie Issa Bébé Cadum du Studio Harcourt, Batsh ouvre le parcours artistique au Point Ephémère avec cette œuvre. Réalisée à l'aérosol, le style figuratif, au rendu très réaliste est caractéristique de Batsh.
L’emplacement n’a pas été choisi au hasard puisque cette création est là pour nous rappeler le sentiment de bienveillance, de compassion envers autrui. En effet, le drame des migrants réveille le canal Saint-Martin chaque jour et met à l’épreuve notre sens de l’humanité.
Localisation : Point éphémère - Paris
Taille : 4 x 5 m
Aissa Maïga -Pont de Bondy (93) ©Arthur Cretani
Cette œuvre vient clôturer le (p)Harcourt artistique de l’Eté du Canal. Inspirée par le portrait « Harcourt » d’Aïssa Maïga, la fresque de Batsh semble interroger riverains et passants sur la Seine-Saint Denis. Le futur Olympique du territoire (la Seine-Saint-Denis accueillera avec Paris les JO en 2024) et la richesse de sa diversité culturelle, n’efface pas les grandes disparités de moyen qui existent entre ses habitants.
Localisation : Pont de Bondy
Taille : 15 x 6m