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Anouk Colombani


Entre histoire et philosophie, Anouk Colombani s'intéresse à la mémoire populaire. Elle raconte à la fois l'histoire des lieux et l'histoire des gens qui ont peuplé ces lieux, entre histoire individuelle et histoire collective. En 2021, elle travaille en particulier sur les 150 ans de la Commune.

Bonjour Anouk, Vous êtes originaire de Pierrefitte-sur-Seine et vous vous intéressez à la culture populaire. Pouvez-vous nous présenter votre parcours et ce qui vous passionne dans la transformation des lieux de la banlieue Nord de Paris ?

J'ai commencé comme guide au Mémorial de la Shoah, notamment à Drancy, grâce à une formation en histoire et – surtout – à des recherches en philosophie qui portent sur les thématiques des violences extrêmes et des pratiques de réconciliation. J'ai beaucoup travaillé sur les enjeux de réconciliation nationale et la tension entre l'usage scientifique et l'usage populaire de l'histoire.

Cueilleurs de cerises à Pierrefitte : clin d'oeil à la chanson Mon évolution vers des balades plus socio-urbaines est due au fait d'avoir baigné dans une atmosphère où on racontait beaucoup l'histoire des gens, la transformation des rues, les luttes... Peut-être parce que je viens d'une famille qui n'a pas de foyer familial. En grandissant, je me suis rendu compte que le 93 bougeait tout le temps et que, selon l'âge et le parcours qu'on avait, on ne voyait pas la même chose. Ma grand-mère, qui a vécu aux Courtillières de Pantin, oubliait régulièrement que le métro ne s'arrêtait plus Porte de la Villette mais à La Courneuve. Je connais quelqu'un qui s'énerve régulièrement contre le fait que l'université Paris 8 est installée sur l'ancien stade municipal de Pierrefitte. J'ai grandi entre des friches et des jardins familiaux ; presque tout est bâti aujourd'hui mais il y a des fermes aux Fortes Terres (de Pierrefitte), dans le Parc de la Courneuve, à Romainville... Je trouve que c'est important de maintenir ces strates de mémoire géographique et sociale en les liant à des histoires individuelles et collectives. L'histoire n'est pas seulement celles des lieux, c'est aussi celles des gens et des collectifs qui y ont vécu.

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Vous avez plusieurs visites engagées sur les femmes et le féminisme. Pourquoi avoir choisi ces thèmes ?

J’ai monté des visites d’abord sur les Communardes, en 2024 sur les Résistantes et en 2025 sur les cabarets lesbiens, avec le collectif Rue de la Commune, car nous trouvons que l’histoire persiste à rester très masculine. Dans la société, on aime bien parler des pionnières et des personnalités féminines jugées importantes, mais on ne parle toujours pas des femmes au pluriel. Nous avons décidé d’apporter notre pierre à l’édifice en créant des balades sur les femmes en collectif, sur les groupes féminins ou féministes… Cet angle est, par ailleurs, dans toutes nos visites. Il s’agit pour nous de raconter l’histoire à partir des femmes, et non de saupoudrer l’histoire de femmes.

Par ailleurs, l’exercice de la balade urbaine est intéressant parce qu’il contrevient aussi à l’idée que les femmes sont faites pour l’intérieur. Quand on ajoute à cela, le fait que le public est très majoritairement féminin, ça donne quelque chose de très drôle : des groupes non-mixtes auto-constitués reprenant l’espace public pour reprendre la main sur l’histoire !

Y a-t-il des femmes qui vous ont inspiré dans votre parcours ?

Déjà, il y a eu et il y a toujours des femmes dans ma vie quotidienne. Des enseignantes, bien sûr, des militantes aussi qui passaient leur week-end à organiser ou à préparer des choses tout en gardant les enfants, mais aussi des collègues. Et bien sûr des figures publiques ou des artistes, des écrivaines comme Elsa Triolet. J’ai aussi toujours admiré les grandes sportives sans envie aucune de les imiter. J’aimais beaucoup Surya Bonaly en patinage artistique, je n’oublierai jamais quand elle a refusé de monter sur le podium pour dénoncer le racisme de ce milieu. Mais ce qui m’a frappé c’est la détermination de ces sportives et leur capacité à travailler à ce point leur corps. 

Il y a aussi toutes ces femmes sur lesquelles je travaille. Par exemple, je pense souvent à Nathalie Lemel, une communarde qui quitte son compagnon violent dans les années 1860, puis devient relieuse tout en élevant ses enfants. À la fin de la Commune, elle est condamnée à la déportation en enceinte fortifiée. À son retour, 9 ans plus tard, elle ne trouve plus de travail car elle ne veut pas se trahir.

Mon travail c’est aussi rendre hommage à toutes ces femmes qui se sont battues pour exister comme elles l’entendaient.

Trouvez-vous que les femmes sont suffisamment représentées dans votre métier ? Y a-t-il des défis liés à votre métier en tant que femme ?

Guide-conférencière est un métier très féminisé avec tout ce que ça implique : une sous-reconnaissance et une sous-rémunération. La profession connait une masculinisation ces dernières années en lien avec le développement de parcours plus divers et plus valorisés.

Aujourd’hui se joue pour moi une distinction entre ceux et celles qui continuent à revendiquer le titre et la pratique de guide-conférencier et la montée en puissance de la notion de « médiatrice », qui correspondait à un autre métier qui vise à médier entre un objet et un public. Je pense qu’il y a un vrai enjeu à défendre le métier de guide-conférenciere/guide interprète. Interpréter des œuvres d’art, un espace urbain, une histoire est un métier en soi et cela mérite une reconnaissance.

Votre première collaboration avec ExploreParis.com s’est montée autour de la célébration des 150 ans de la Commune de Paris. Vous faites d’ailleurs partie du bureau de l’association Faisons vivre la Commune et avez créé le site ruedelacommune.com. Parlez-nous de cet intérêt que vous nourrissez et des visites virtuelles que vous avez développées sur le sujet. Quelles sont vos envies pour la suite de votre collaboration avec ExploreParis.com ?

La Commune est une histoire irréconciliée française (avec, en plus, un rayonnement international). Une fois mon doctorat de philosophie digéré, j'ai commencé à travailler sur cette histoire que je connaissais, mais sans plus. Je me suis alliée à une auteure-compositrice et une illustratrice et nous avons imaginé un conte musical. Mais ce qu'on voulait avant tout c'était déterrer des lieux populaires liés à la Commune. La banlieue Nord de Paris, de par l'empreinte communiste, en contient un grand nombre. J'ai fait beaucoup de recherches sur les rues et bâtiments de communards à Saint-Denis, Pierrefitte, Aubervilliers, La Courneuve mais aussi Montreuil ou Bagnolet... et je me suis rendu compte que Pierrefitte détonnait dans le paysage par le nombre important de rues qui portent un nom de communards, sans compter une crèche et deux établissements scolaires. Ces rues et établissements ont une histoire, qui elle-même est liée au communisme municipal. Il y avait donc quelque chose à faire. J'ai aussi monté des visites du Xe arrondissement par hasard en travaillant avec la médiathèque Françoise Sagan, installée dans ce qu'il reste de l'ancienne prison Saint-Lazare.

Une visite préférée ?

Photo prise en 2020 d'un paysage de Pierrefitte ayant disparu du fait de la construction d'un lycéeNon, je prends un vrai plaisir sur chacune. Mais celle sur Pierrefitte est particulière, parce que c'est le genre de ville dont tout le monde se moque, y compris parfois les habitant-e-s. Montrer que cette ville a un intérêt "universel" est déjà un enjeu en soi. En même temps, c'est celle qui touche le plus à quelque chose de personnel. Pour découvrir le 93, quelqu'un m'a conseillé une activité (et je vous confirme qu'elle est passionnante !) : prendre une ligne de bus et descendre un peu comme ça, n'importe où. Traverser une ville, des villes, avec le 150, le 170, le 143, le 151, le 255... voir les usagers et les paysages changer, écouter les histoires. Vous indiquer une adresse en particulier est compliqué pour moi, je ne suis pas quelqu'un qui a des habitudes. Mais avec cette pratique du bus, chacun pourra découvrir ses propres adresses ! En descendant par exemple à Mairie d'Aubervilliers, autour du quartier Hoche à Pantin ou Robespierre à Montreuil, je peux vous assurer qu'il y a de bonnes adresses.

Sinon j'aime beaucoup les marchés. Le marché de Saint-Denis bien sûr, mais aussi celui d'Aubervilliers, celui de Pantin, de Stains, de Drancy... Ce sont des endroits très amusants et très différents, y compris quand il y en a deux dans une même ville.

Il y a toujours plein d'histoires ou d'anecdotes quand on fait une visite "qui prend" - ce qui n'arrive pas toujours. La première que j'ai organisée sur la Commune avec un groupe, c'était en février 2021 et il faisait très froid. Au milieu de la visite, rue du faubourg Saint-Denis, une participante me dit "Je vais aller acheter 20 cafés si ça te va". Elle est partie en courant et a commandé 20 cafés au premier et rare bar ouvert dans cette rue, quasi vide à cause de la situation sanitaire. Seuls quelques ouvriers qui travaillaient sur un chantier de la rue étaient là. C'était très drôle cette solidarité et cette situation qui faisaient écho à l'histoire racontée. Cela dit, j'ai découvert qu'avec les visites virtuelles, il y a des inscrit-e-s qui sont un peu partout en France mais aussi à l'étranger. J'ai eu des personnes qui vivaient en Allemagne, en Écosse, au Québec qui pouvaient discuter d'un lieu et d'histoires où nous n'étions pas physiquement, qu'ils n'avaient jamais vu. C'est très étonnant comme rencontre.

Merci beaucoup Anouk !

Retrouvez les contributions d'Anouk Colombani sur ruedelacommune.com.

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