Partout en France et depuis plusieurs années, on assiste à une explosion de l'intérêt pour le street art, appelé aussi post-graffiti. Publicités, films, livres, expositions, produits de luxe (un carré Hermès, dont les ateliers se trouvent à Pantin, a même été créé par le graffeur Kongo originaire de Bagnolet), décoration de show-room...
Ce graphisme souvent associé à la culture hip-hop, apparu à la fin des années 60, inonde notre univers visuel, prenant ainsi à contre-pied les préceptes d'un art populaire et revendicatif, fondamentalement opposé à la société de consommation, aux institutions artistiques et aux institutions publiques. Ce mode d'expression pratiqué dans la clandestinité, l'anonymat, à vocation éphémère et véhiculant souvent un message politique, s'ouvre dorénavant à un large public.
Visites guidées street art à Paris
L'art est au coin de la rue, l'art est présent sur les murs et jardins de la capitale que s'approprient de jeunes créateurs dans les différents quartiers de Paris. L'office de tourisme de Paris recense de nombreux spots de street art dans les différents arrondissements parisiens.
Pour mieux comprendre et apprécier cet art, Seine-Saint-Denis Tourisme propose de rencontrer, de dialoguer et de voir du street art, guidé par les artistes en suivant une balade graff avec Dacruz, Artof Popof ou Thom Thom. Des balades graff pour les groupes sont aussi proposées.
Découvrez les collectifs et street artists des 19e et 20e arrondissements de Paris et du 93.
Tous les étés, "L'été du Canal, festival de l'Ourcq" fait une large place au street art. En 2012, les graffeurs du collectif Podama ont relevé le défi lancé par l’emblématique bâtiment industriel de Pantin, futur siège de BETC, en y réalisant une œuvre monumentale. En 2013, c'est le projet participatif global initié par l’artiste JR, qui a transformé le canal de l’Ourcq en une œuvre d’art monumentale pendant deux mois avec 300 cents portraits géants de personnes qui travaillent ou ont travaillé le long du canal. En 2014, 30 artistes urbains ont investi le canal de l'Ourcq sur ses 10 km de berges du canal qui relient Paris 19e et Aulnay-sous-Bois : cheminée, potelets, cabines téléphoniques, camion toupie, des œuvres de toutes tailles ont jalonné la balade créant un véritable parcours artistique.
Plusieurs festivals dédiés à l'art urbain sont proposés à Paris et en Seine-Saint-Denis.
En se promenant dans l'Est parisien, on peut voir la richesse de l'art urbain :
Le street art est aussi révélé lors de grands événements (festivals, temps forts) et par les galeries spécialisées.
Le street art ou l'art urbain est un art réalisé dans la rue aux vues de tous. Ephémère par définition, il regroupe différentes formes artistiques : graffiti, affiches, pochoirs, mosaïques, stickers, yarn bombing ou installations. Retour sur l'émergence d'un mouvement artistique hors norme et de son important développement dans l'Est de Paris. En quelques années ce mouvement artistique est passé d'une pratique illégale contestataire à un art contemporain reconnu qui s'expose dans les galeries d'art et qui dialogue avec d'autres disciplines telles que le design, créant ainsi une influence mutuelle entre design et street art, etc.
Né dans les années 1960, le street art s'officialise au début des années 80 sous l'initiative, entre autres, de personnalités comme Jack Lang ou Agnès B. A cette époque des artistes contemporains tels que Daniel Buren, Ernest Pignon-Ernest, Jean-Michel Basquiat ou Keith Haring donnent au mouvement d'art urbain un élan international. D'autres artistes le popularisent dans la rue avec en tête Blek le rat, Jef Aérosol, Jérôme Mesnager, Miss.Tic, Jean Faucheur, les Frères Ripoulin...
Pour la France, c'est principalement en région parisienne qu'est apparu ce mouvement, il y a une trentaine d'année (début/milieu des années 80). La Seine-Saint-Denis a tenu un rôle de premier plan dans l'apparition de cette forme d'expression. La culture hip hop bouleverse le rapport à la rue et à la ville, elle devient un terrain d'expression artistique : on peint sur ses murs, on danse sur ses places, on rappe dans ses ruelles. Rapidement le mouvement prend de l'ampleur, de nombreux collectifs se créent et grandissent, les murs se colorent, les municipalités s'adaptent et laissent faire – voire soutiennent – ces actions artistiques.
À la fin des années 1990, émerge le post graffiti. Avec des artistes comme Shepard Fairey aux États-Unis, Banksy en Grande-Bretagne, Space Invader en France, l'art urbain devient l'un des premiers mouvements artistiques internationaux. Passant du tag au throwie jusqu'aux "pièces" (peintures murales), le post-graffiti s'est installé comme un véritable courant d'art sur un territoire souvent à la pointe des expressions artistiques urbaines. Ce dialogue entre initiés (le graff n'avait pas pour vocation de toucher le grand public) sur les murs de la ville engendrent de vifs débats sur son utilité, son esthétisme, l'appropriation privée de la sphère publique.
Banksy, Shepard Fairey et Space Invaders (de gauche à droite)
L'art urbain prend des gallons : il s'expose dans les galeries, s'envole dans les ventes aux enchères et devient très populaires sur internet et les réseaux sociaux. Le street art en tant que démarche artistique illégale est à de nombreuses reprises remis en question, certains dénoncent ce glissement vers une institutionnalisation et un embourgeoisement. Le street art n'est plus le même qu'à ses débuts, il n'est plus l'apanage du seul graffeur mais aussi celui d'artistes plasticiens comme Mark Jenkins. Aussi parle-t-on aujourd'hui d'"Art Urbain contemporain".
Mais le talent de certains artistes, la diversité des formes que peut prendre le street art pour s'exprimer : peinture murale, collage, pochoirs, yarn bombing (par le tricot), sculpture murale, mosaïque... ont popularisé le street art au point de le faire entrer dans les musées, galeries artistiques et écoles d'art, allant parfois jusqu'à inverser la démarche de certains street artists comme l'explique Blek le Rat :
"Le problème avec les galeries, c'est que 99% des street artists se servent de l'art urbain comme d'un tremplin pour entrer dans les galeries. C'est une erreur fatale, car leurs oeuvres sont vues dans les galeries par une quarantaine de personnes, et dans les musées par une dizaine de visiteurs, alors que, dans la rue, c'est une centaine de milliers de personnes qui les voient, et ce qui donne toute son essence à une œuvre, c'est le fait d'être vue et non pas d'être vendue ou reconnue comme une œuvre d'art dans un musée, c'est d'être vue par des gens."
Ce dialogue de l'art avec la population se retrouve dans de multiples endroits en Seine-Saint-Denis et dans le Nord-Est parisien. Des graffeurs du monde entier viennent sur certains spots de ce territoire, inventant de nouvelles images, de nouveaux modes d'expression dialoguant avec leur environnement en se réappropriant l'espace publique.
Bâtiment des douanes à Pantin, murs du canal à Bobigny, du canal de l'Ourcq - Paris 19e, Studios Albatros à Montreuil... Voici quelques photos de cet art qui vit, apparait et disparait au rythme des mouvements de la ville. Elles ne donnent que de très rares exemples de l'incroyable profusion et de la diversité des talents qui chaque jour réinventent la cité, comme celle de Zoo Project.