Sans précédent dans l’histoire de l’humanité, par son étendue et par sa violence, la Seconde Guerre mondiale fut, avec ses 55 millions de morts, une guerre totale, qui toucha en majorité des victimes civiles. Jamais un conflit n’avait laissé autant de traces matérielles et psychiques sur un si grand territoire. Une fois la guerre achevée, et partout dans le monde, les lieux qui avaient été le théâtre des événements les plus dramatiques de cette guerre prirent aux yeux des victimes et de leurs familles une importance particulière, d’abord parce qu’ils étaient nécessaires au travail de deuil.
Vous trouverez sur cette liste des lieux situés dans l'actuelle Seine-Saint-Denis qui ont joué un rôle central dans la politique de persécution et de répression mise en place par l’Allemagne nazie avec l’aide du Gouvernement de Vichy, entre 1940 et 1944.
Parcourez la carte des lieux de mémoire de la seconde guerre mondiale
Carte Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis - 2023
C’est à Drancy, à la Cité de la Muette que furent internés, entre le printemps 1941 et l’été 1944, la majorité des 74 000 Juifs déportés vers les centres de mise à mort polonais (principalement Auschwitz-Birkenau).
Dans la mémoire sociale, la représentation et la symbolisation de ce que fut le camp de Drancy a évolué au cours du temps. Il est aujourd’hui un symbole de la Shoah et de l’internement des Juifs de France.
Plus d'informations sur le camp de Drancy, le Mémorial de Shoah situé à Drancy face à la Cité de la Muette.
Deux gares, celle du Bourget et celle de Bobigny, furent au c½ur de cette mécanique de l’anéantissement qui prenait pour nom "solution finale". Entre mars 1942 et août 1944, 74 convois quittèrent le territoire français depuis ces gares. Moins de 5 000 déportés en revinrent.
L'ancienne gare de Bobigny fut logement de cheminots, gare de marchandises, lieux de départ de 21 convois pour Auschwitz-Birkenau. Aujourd'hui, le site est devenu mémorial et accueille des visiteurs.
La Gare du Bourget fut une gare de voyageurs et lieu de départ de 42 convois pour Auschwitz-Birkenau.
Deux camps (le camp de Royallieu à Compiègne et le fort de Romainville aux Lilas et une prison de la région parisienne (celle de Fresnes) constituaient les trois lieux principaux à l’échelle nationale de l’internement des victimes de la répression – majoritairement des résistants.
Le fort de Romainville est un ouvrage militaire de type Vauban construit au XIXe siècle qui fut réquisitionné par les allemands en 1940. C'est en son sein que se déroula le massacre des onze fusillés d’août 1944. C'est aussi le lieu de l’internement de deux figures de la résistance communiste : Danielle Casanova et le Colonel Fabien. Le fort fut également un camp de femmes.
Le fort de Romainville est le premier camp d’importance installé par les autorités allemandes en zone nord occupée, servant d’abord à l’internement de détenus administratifs, principalement des ressortissants de puissances en guerre avec les nazis. À partir de 1942, il devient la "réserve d’otages" des personnes ensuite exécutées au Mont-Valérien. Annexe du camp de Compiègne à partir de 1943, il est le point de départ des femmes déportées vers le camp de concentration de Ravensbrück en 1944.
Au printemps et en août 1944, certaines femmes quittèrent la France depuis le quai aux Bestiaux de la gare de Pantin. Construit en 1892, il est le point de départ du dernier grand convoi de déportation de la région parisienne le 15 août 1944.
Grandement endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale, l’aérodrome du Bourget accueille à partir de 1945 le retour des déportés captifs dans les camps de concentration allemands et survivants des centres de mise à mort situés en Pologne.
Il faut noter qu’avant que Drancy ne devienne le camp des Juifs de France, en août 1941, ce site fonctionnait en relation avec le fort de Romainville, notamment pour l’internement des ressortissants civils de puissances ennemies – principalement des Britanniques. Ils ont alors le statut de Frontstalag, c’est-à-dire de camps au départ réservés aux prisonniers de guerre.
Pendant la seconde guerre mondiale, cette caserne militaire située à Saint-Denis a été utilisé comme centre d’internement pour « ressortissants des puissances ennemies ». La caserne des Suisses à Saint-Denis, dès juin 1940 et après le changement de fonction de Drancy à l’été 1941, servit à l’internement de ces ressortissants civils étrangers.
Ainsi, l’actuelle Seine-Saint-Denis abrite des lieux majeurs et emblématiques de la persécution et de la répression qui se sont déroulées durant la Seconde Guerre mondiale.
Géographie de l'internement et de la déportation dans le nord est parisien
Le camp de Compiègne-Royallieu, situé dans le département de l’Oise (à moins de 100 km de Paris) constitua à partir de 1941 le principal centre d’internement d’otages juifs et communistes (regroupés sous le vocable "judéo-bolchéviques") puis de résistants déportés, tous victimes d’une répression sans précédent. C’est de là que partirent la plupart des résistants vers les camps de concentration.
À partir de 1943 surtout, la prison de Fresnes servait aux détenus importants de la Gestapo. Au total, près de 65 000 personnes furent déportées depuis les zones Nord et Sud de la France (sans compter celles parties des zones du Nord-Pas-de-Calais ou d’Alsace-Moselle annexée), environ 40 % en revinrent.
Voir la carte des lieux de mémoires de la 2e Guerre Mondiale en Ile-de-France.
Pour en savoir plus sur ce qu'est le tourisme de mémoire et les questions qu'il soulève, Consultez la note de problématique sur les lieux de l'internement et de déportation en Seine-Saint-Denis issue de l'étude d'Anne Bourgon.
La visite des lieux de mémoire est une expérience particulière. Comprendre les différents usages des lieux de mémoire et les limites du « tourisme de mémoire ».
L’emploi du vocable lieu de mémoire est relativement récent (1984). Jusque dans les années 80, le terme « haut lieu du souvenir » servait le plus souvent à désigner un lieu qui avait été le théâtre d’un événement particulièrement significatif de notre histoire.
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Extrait de l'étude "valorisation et mise en réseau des lieux de mémoire de l'internement et de la déportation en Seine-Seine-Denis", réalisée par Topographie de la mémoire (Anne Bourgon, Hermine de Saint-Albin et Thomas Fontaine).
Auteur : Anne Bourgon