Fondée en 2002, l’association Anticor s’est donnée pour mission de lutter contre la corruption. Cette mission, elle la partage à l’occasion de ses balades sur tout le territoire francilien, balades qui reviennent sur les grands scandales des dernières années. Florence est au c½ur de la vie de l’association. Elle nous raconte son histoire.
Bonjour, pouvez-vous nous présenter l’association Anticor ?
Anticor est une association fondée en juin 2002 pour lutter contre la corruption et rétablir l’éthique en politique, au moment où Jean-Marie Lepen arriva au 2e Tour des élections présidentielles. Elle est d’abord une association d’élus, puis devient une association ouverte à tous les citoyens.
Aujourd'hui, elle compte plus de 9 000 adhérents et est présente partout en France. Anticor est surtout connue pour ses activités judiciaires d’envergure nationale, mais elle défend aussi la probité sur tout le territoire, même de petites communes.
Elle regroupe des citoyens et des élus de toutes tendances politiques et est complètement indépendante car son financement est assuré uniquement par des dons et les cotisations de ses adhérents.
Elle mène aussi des actions de sensibilisation auprès de la population et des élus : festivals de cinéma, podcast, formations... ou des balades, comme sur Explore Paris.
À quel moment avez-vous eu l’idée de faire des balades sur les traces de la corruption ?
Cela a commencé en 2019 quand Alexandre, un bénévole d'Anticor, avait eu l’idée de faire une balade rive gauche qui partait de la mairie du Vème arrondissement de Paris autour de l’affaire des faux électeurs de son ancien Maire Mr Tibéri. Au vu de son succès, de nouveaux bénévoles d'Anticor se sont saisis de cette idée en la déclinant sur d’autres territoires. Notre but est de sensibiliser aux questions de corruptions sous une forme non conventionnelle afin d’atteindre d’autres publics que les personnes engagées habituellement.
J’ai une formation d’historienne et j’ai toujours aimé me balader au cimetière Père-Lachaise. C’est en m’y promenant et en regardant toutes les sépultures que je me suis dit que je pourrais construire une balade dans ce lieu : d’abord parce que c’est un endroit magnifique (et à l’abri de la circulation, ce qui est plus facile pour parler) ; enfin parce que je trouverais sûrement de quoi illustrer mes propos parmi tous ces morts ! Ainsi à la faveur du COVID, je me suis mise au travail.
Comment construisez-vous vos balades ?
Pour la balade du cimetière Père-Lachaise, ce fut un gros travail. À la fois historique (sources, lectures des archives) et de terrain. La balade doit être construite pour avoir une cohérence aussi bien dans le propos que dans son circuit (afin de ne pas faire monter et descendre les visiteurs pendant 2h !).
Pour préparer la balade, je devais identifier les sépultures de « mes corrompus »... Aussi le dimanche, j’emmenai ma fille et on jouait à la chasse au trésor : je lui disais « maintenant, il faut trouver la tombe de Mr X, qui doit se trouver dans cette division ! ». Cela pouvait prendre du temps...
Parlez-nous de votre collaboration avec ExploreParis.com. Qu'est-ce que la plateforme vous a apporté ?
Explore Paris nous a permis de donner une visibilité à nos balades vers un public qui n’est pas celui déjà sensibilisé à Anticor. C’est le but recherché et c’est réussi ! De plus, l’équipe est très réactive et souple.
Avez-vous une visite préférée ? Une anecdote à partager ?
Ma meilleure anecdote (que je raconte d’ailleurs dans la visite) est celle où je suis au tout début de l’idée de cette balade : je me demande si ça va fonctionner, si je vais trouver des personnages corrompus enterrés au Père la Chaise... Alors pour « tester » mon idée, je rentre sur le moteur de recherche « TESTE Père la Chaise ». Et là, je tombe sur un nom : « Jean-Baptiste Teste » qui a été condamné en 1847, dans l’affaire Teste-Cubières et qui est enterré au Père-Lachaise. Son procès est d’ailleurs magnifiquement raconté par Victor Hugo dans Les choses vues !