Découvrez l'interview de Sébastien guide pour "Ça se visite !" qui propose des balades insolites de Paris, responsables et solidaires.
Bonjour Sébastien, pouvez-vous nous présenter votre parcours et nous expliquer les raisons qui vous ont poussé à développer "Ça se visite ?" :
Je m’appelle Sébastien et je travaille pour "Ça se visite !". J’ai travaillé une dizaine d’années comme accompagnateur de voyage pour des français en Europe. C’est comme ça que j’ai découvert les métiers du tourisme. Ça m’a beaucoup plu et quand je suis venu habiter à Paris et que j’ai eu des enfants, je ne me voyais plus partir six mois de l’année et puis en même temps être guide à Paris, c’est envisageable.
De là, j’ai repris des études pour passer les accréditations jusqu’à obtenir celle de guide-conférencier. J’ai cherché du travail sur Paris mais je n’avais pas envie de faire trois cents fois la visite de la Tour Eiffel dans l’année donc j’ai essayé de trouver des structures alternatives qui proposaient une autre vision du tourisme. Je suis tombé par hasard sur "Ça se visite" et de fil en aiguille, j'ai pris la direction du projet et de la structure.
Au final, c’est un projet qui a été créé en 1999 et qui n’a pas arrêté d’avoir des phases de mutation. C’est un projet qui n’a jamais cessé d’évoluer. Au départ, il n’existait que dans le quartier de Belleville et quand je suis arrivé, on était déjà sur la deuxième phase du projet qui voulait élargir sur d’autres territoires que Belleville, ce qui a été fait pendant que l’association existait encore. J’ai ensuite continué sur l’idée d’ouvrir sur des nouveaux quartiers et aussi en rajoutant des formes innovantes du tourisme. Il y avait déjà cette idée de tourisme participatif, ça s'appelait "Belleville Insolite" avant de prendre le nom de "Ça se visite". Il s’agissait de parler de la vie des gens, d’aller à la rencontre des habitants, des artisans, des commerçants. J’ai rajouté en plus d’autres choses autour du tourisme durable, tourisme responsable, tourisme équitable et solidaire avec l’idée d’essayer de mettre tout cela en place dans les activités. C’est un métier que je ne fais pas de manière industrielle, j’essaye de sensibiliser les participants pour leur montrer qu’en venant suivre mes visites, ils participent à une démarche touristique innovante.
Quelles sont les thématiques que vous préférez aborder dans vos visites ?
Je suis un petit peu touche-à-tout et justement, dans mes visites, j’essaye d’aborder un maximum de thématiques différentes : de l’histoire, de l’urbanisme, de l’économie, de la gastronomie. J’essaye de toujours balayer un maximum de sujets pour que les gens qui viennent suivre mes visites y trouvent forcément leur compte, que même si un sujet ne les intéresse pas, ça n’est qu’un sujet parmi les autres abordés et que ça ne durera pas deux heures. Je parle aussi de commerces ou de restaurants pendant les visites pour que ceux qui veulent revenir dans le quartier aient de nouvelles expériences à vivre. Pour moi, ça a autant de valeur de parler de faits historiques qui se sont déroulés dans le quartier il y a trois cents ans que de parler du bar au coin de la rue qui brasse sa propre bière.
Personnellement, j’aime beaucoup l’histoire car ça permet de donner une certaine profondeur et ce qui est visible aujourd’hui est le résultat de ce qui s’est passé auparavant. Une des possibilités de l’histoire c’est de permettre de mieux comprendre ce qui se passe aujourd’hui et de mieux te positionner par rapport à ce que tu aimerais qui arrive demain. L’histoire, c’est comme la culture, ça ne doit pas être quelque chose de pénible, ça doit être quelque chose d’accessible.
Les arts de la rue, c’est par exemple quelque chose qui existait depuis très longtemps dans la structure, depuis au moins 2005. À l’époque, c’était très novateur et maintenant c’est quelque chose qui est beaucoup plus fréquent.
Petit à petit, je me suis aussi mis à décliner petit-à-petit certains concepts comme les visites à trottinette, des chasses au trésor ou encore des balades pédestres guidées, notamment sur les vagues d'immigration, sur les arts de la rue, sur la place des femmes dans la société ou encore la balade macabre. À chaque fois c'est vraiment un thème très précis sur lequel on va passer en gros trois heures pour essayer de l'approfondir vraiment et aider les gens à bien comprendre les enjeux autour de ce thème.
Je propose également des balades alternatives, c'est-à-dire en fait une déambulation autour des démarches, des projets originaux, innovants et qui ont pour but de transformer la société. Cela peut être des associations, des particuliers, des entreprises et c’est une manière de mobiliser en montrant ce qui existe et qu’on peut tous à notre échelle améliorer la société et leur donner de la visibilité. Récemment encore, un participant à la visite me disait que la visite faisait du bien parce qu’elle donne à voir de belles initiatives et de belles idées.
Avez-vous une visite préférée ?
Comme j’ai la chance d’être gestionnaire de ma structure, j’ai pris la décision de ne faire que des choses que j’aime donc toutes mes visites sont mes préférées. Après comme tout le monde, s’il fait beau ou bien que le groupe est particulièrement intéressé, ça va être une meilleure expérience. Je peux refaire le circuit ou retirer des parties qui ne me plaisent plus. Ce que je vais beaucoup apprécier, c’est faire durer un peu la balade si je me rends compte que la thématique intéresse. J’essaye d’aborder plein de choses à hauteur d’être humain, en mettant l’humain au centre, quitte à faire durer un peu la visite si j'ai le temps et si les auditeurs sont demandeurs !