Cultures Pas Sages, association fondée par le street-artiste Da Cruz, a vu le jour en 2013. Au travers de multiples actions, elle est très ancrée sur le territoire du 19ème arrondissement dont elle donne à voir tous les secrets ! Découvrez son histoire au travers de ce portrait à double voix.
Balade street avec Cultures pas Sages
Bonjour Cultures Pas Sages, pouvez-vous nous expliquer qui êtes-vous ?
DA CRUZ : Culture Pas Sages est une association de loi 1901, pour la promotion, la diffusion, l'organisation et la réalisation d'actions mettant en valeur la diversité culturelle. C'est la rencontre avec Zelmar Gularte qui donne naissance à cette association en 2013. Elle répond à un besoin, celui de promouvoir des activités artistiques et culturelles dans le 19e arrondissement, notamment le quartier de l'Ourcq. Le tissu associatif est essentiel pour faire vivre cela.
Il y a l'organisation du festival, ainsi que de nombreuses autres actions avec des écoles, maisons de retraites et associations comme Espace 19. Et il y a bien sûr l’organisation de balades guidées street art, autour des fresques réalisées avec l’association pour le festival, ou lors de jams informelles ; mais de façon plus large, le but est de montrer la place du 19e arrondissement dans l’histoire du graffiti parisien.
ELOISE : Je suis entrée dans l’association en 2018. Au départ, je cherchais un stage pour mon diplôme de guide-conférencier, en rapport avec le street art, car c’est une de mes passions. Finalement je n’ai pas fait le stage, mais je suis restée en tant que guide, enthousiasmée par la démarche et les valeurs de Da Cruz et Zelmar. Avant cela, ma collègue Christelle était tombée dans le chaudron de la même façon. Nous sommes les deux guides de l’association. On parle de Street Art mais aussi de l’Histoire de Paris, car tout est lié...
Cet attrait pour le street-art, d’où vous vient-il ?
DA CRUZ : Cet attrait pour la pratique du street art/graffiti est venu naturellement, du milieu dans lequel j’ai grandi. Le 19e est comme un "terreau". J’ai grandi dans cet arrondissement qui est un des berceaux de la culture hip hop, et d’une de ses disciplines de l’époque : le graffiti.
ELOISE : Je suis entrée en contact avec le street art très tôt, et j’ai adoré cette façon d’investir les murs. En effet, j’ai grandi du côté de la Butte aux Cailles dans le 13e arrondissement où j’ai vu les premiers Miss-Tic, pochoirs et slogans des fronts antifascistes. Le 13e a ensuite développé cette identité street art plus officielle avec les commandes publiques et l’installation de galeries dédiées. J’ai commencé le guidage avec le street art et j’ai donc une affection particulière pour ces visites. Mes tous premiers tours étaient pour faire sortir les étudiants à qui j’enseignais le Français Langue Etrangère (FLE).
Vous avez créé le festival Ourcq Living Colors autour du 19ème arrondissement et du quartier de l’Ourcq. Pouvez-vous nous expliquer d'où vous est venue la volonté de créer ce festival ?
DA CRUZ : La création de ce festival est une suite aux différentes jams improvisées depuis 2006, de manière spontanée et illégale. C’est la jam organisée sur l’usine de chauffage urbain au bord du Canal en 2010 (CPCU investie par plusieurs artistes avant sa fermeture) qui nous a donné l’envie d’aller plus loin. Cette notion de partager un espace donné, de façon organisée, en prenant le temps. On a eu envie de le poursuivre. Il nous fallait un cadre légal, une structure pour les institutions. On a créé l’association Cultures Pas Sages et dans la foulée, le festival.
Pouvons-nous espérer son retour en 2025 ?
DA CRUZ : Bonne question ! Des évènements ponctuels ont lieu régulièrement depuis la dernière édition du festival en 2021. C’est un peu Ourcq Living Colors toute l’année. On aimerait faire une grosse 10e édition, bien préparée et festive. En attendant, les œuvres vivent et changent sur le parcours.
La plateforme nous a apporté de la visibilité, sans aucun doute. Même avant ExploreParis, c’est Seine-Saint-Denis Tourisme qui nous avait offert cette opportunité. Les balades street art ont commencé en 2011. Le temps passe vite !
Avez-vous une visite préférée ? Une anecdote à partager ?
ELOISE : Les meilleures visites sont celles qui tombent sur un évènement, évidemment ! Les visites organisées en plein festival permettent de voir les artistes au travail. Au long de l’année, on tombe sur des artistes aussi. Je me souviens avoir guidé pendant que Lek et Tcheko travaillaient sur leur fresque de la rue germaine Taillefer. Ça me faisait tout bizarre de guider avec l’artiste qui m’écoutait, je pensais "pourvu que je ne dise pas de bêtises". Et lui ça lui faisait tout bizarre qu’on parle de lui dans une visite guidée, en regard avec l’Histoire de l’Art et l’Histoire contemporaine, et de voir qu’on pouvait se documenter sur lui ; bref qu’il était connu ! Il nous a raconté avoir eu la chair de poule avec l’émotion.
Il y aussi des visites avec des anecdotes malheureuses mais qui font bien rigoler ensuite. Une fois, il pleuvait des cordes et il y avait des flaques énormes le long du trottoir rue de l’Ourcq. Pendant que je commentais, une voiture a roulé dans la plus énorme flaque, et je me suis retrouvée aspergée de la tête aux pieds, comme dans les films. Les visiteurs ont eu de la chance, pas d’eau ! Mais moi... Ils étaient vraiment désolés. J’ai fini la visite quand même, en mode guerrier.
Quelles bonnes adresses nous recommandez-vous ?
DA CRUZ/ELOÏSE : Les bonnes adresses du quartier sont nombreuses. Le café Mamakin, petit bar à la très bonne atmosphère, qui a été un super partenaire lors de précédentes éditions.
Le bar 61, juste à côté de l’atelier de Da Cruz, où l’on s’est pas mal retrouvés pour boire un verre après les réunions. C’est un bar culturel, engagé, qui organise des expos, lectures, séances documentaires régulièrement.
Notre lieu préféré de la petite ceinture dans le 19e, le café Passage à Niveau, situé dans la "Ferme du Rail". Ambiance friendly, bons produits, super terrasse l’été.