Selon la tradition, Saint-Eloi aurait fondé à Saint-Denis, en 635, le premier atelier d'orfèvrerie. Plus d'un siècle plus tard, dans les années 1870-1880, un secteur lié aux activités de luxe, cristal, pianos et orfèvrerie, se développe à Saint-Denis. Une première verrerie-cristallerie, créée en 1859 et aujourd'hui disparue, s'installe à la Plaine-Saint-Denis sur plus de dix mille mètres carrés. En 1865, c'est la grande fabrique des pianos Pleyel dont le quartier porte toujours le nom. Elle est l'une des premières fabriques à employer l'outillage mécanique pour la production et réalise toutes les pièces nécessaires à la fabrication des instruments. Fermés en 1961, les Pianos Pleyel ont effectué un retour aux sources en se réinstallant à Saint-Denis. L'atelier de production dédié à la haute facture instrumentale a fermé ses portes en 2013.
Créée à Paris en 1842, la Société Charles Christofle et Compagnie ouvre des filiales dans plusieurs pays européens et implante des maisons de vente en Suisse, au Brésil, en Argentine. L'entreprise devient célèbre à la suite d'une commande de Napoléon III qui demande à la manufacture de réaliser ses "surtouts", gigantesques décors servant à l'ornementation des tables de l'empereur. Cette commande mirifique est suivie d'une autre, tout aussi importante, provenant de l'empereur du Mexique.
À la mort de Charles Christofle, en 1863, son fils Paul et son neveu Henri Bouilhet prennent sa succession. Ce dernier, chimiste et artiste, fait adopter à la manufacture un procédé nouveau : la galvanoplastie. Une nouvelle usine est construite à Saint-Denis, en 1875. Comme les grandes usines métallurgiques implantées dans ce même secteur, c'est la situation privilégiée, à proximité de la capitale et entre le canal Saint-Denis et la voie ferrée, qui attire ses propriétaires. En 1876, le terrain est raccordé à la voie ferrée et l'entreprise bénéficie d'un droit de jouissance de la berge du canal. Ce privilège est d'autant plus important que, Christofle, qui avait passé un accord d'exclusivité avec les grands exploitants des mines de nickel de la Nouvelle Calédonie, peut ainsi recevoir le minerai par la mer, la Seine et le canal Saint-Denis. Métal de base de ce genre d'orfèvrerie, il est allié au cuivre et au zinc, sur place, pour préparer le maillechort. Celui-ci est utilisé par Christofle pour la fabrication de ses couverts ou envoyé à ses clients, via le canal ou le Chemin de Fer du Nord. La manufacture de Saint-Denis reste durant dix années la seule usine française à produire le maillechort.
Les halles métalliques qui se substituent aux charpentes traditionnelles en bois et l'utilisation ornementale de la brique en font un bâtiment industriel typique de son époque. Le dessin des baies en triplet s'inspire du style néo-gothique tandis que l'éclairage est complété par une verrière en toiture. Henri Bouilhet donne une sérieuse impulsion à l'entreprise en décidant de fabriquer à Saint-Denis les couverts qui, jusqu'en 1878, étaient usinés chez l'un de ses associés, Charles Halphen. Au début du XXe siècle, les établissements Bouilhet-Christofle emploient 1600 personnes dont 600 sur le site de Saint-Denis. Après une période difficile durant la Première Guerre mondiale, Tony Bouilhet, qui a succédé à son père, décide en 1930 de regrouper à Saint-Denis toutes les activités de l'entreprise. Ce n'est qu'après la Seconde Guerre mondiale que la manufacture d'orfèvrerie Christofle retrouve toute sa prospérité. D'autres usines sont construites en France et des filiales ouvertes à l'étranger, dont une aux États-Unis en 1981.
L'entreprise a quitté les lieux en 2008. Pour ce qui concerne les bâtiments, classés monuments historiques, ils seront réhabilités par Herige. L’Orfèvrerie, véritable curiosité en matière d'architecture industrielle, a été investi temporairement par plusieurs acteurs artistiques et culturels avant le projet de village des métiers d'art par Herige, écosystème d'artisans d’excellence. Le lieu réhabilité accueille des maisons d'art.
On peut trouver de l'argenterie Christofle aux Puces de Saint-Ouen.
Devenu le premier spécialiste mondial de l'art de la table, Christofle est devenu un musée de l'orfèvrerie durant plusieurs années. Les collections de Bouilhet-Christofle y étaient présentées à travers plus de 2 000 pièces, vaste panorama des créations réalisées des origines à nos jours. Les thèmes évoqués illustraient non seulement l'histoire de l'entreprise mais aussi les techniques appliquées à l'orfèvrerie, parfois surprenantes comme celle dite "des empreintes naturelles" employée à l'époque de l'Art Nouveau, ou la galvanisation utilisée pour la réalisation des trophées d'animaux destinés aux concours agricoles. On pouvait y voir l'évolution des arts décoratifs à travers plus de 150 ans de création, ou encore les traditions de la table aux XIXe et XXe siècles.
Fournisseur officiel des têtes couronnées depuis Louis-Philippe, Christofle était aussi celui des grands hôtels, de l'Orient Express, des hôtels de luxe de la capitale ou du paquebot Normandie qui, en 1933, lui a passé une commande représentant pas moins de 45 000 pièces ! Les créations les plus diverses et les plus étonnantes de la maison Christofle y étaient visibles : une maquette des groupes monumentaux surmontant la façade de l'Opéra Garnier à Paris, réalisés en 1869, de très nombreux services à thé et à café dont l'un, par exemple, s'inspire des formes d'une courge, sans oublier une collection de verseuses japonisantes, une fontaine à thé datant de 1873, d'un mètre de haut, pouvant contenir 35 litres d'eau, une collection d'assiettes peintes et gravées, signées Man Ray, Jean Cocteau, Marie Laurencin et bien d'autres artistes tout aussi prestigieux.
Christofle ayant quitté Saint-Denis en novembre 2008, ce musée a malheureusement fermé ses portes. L'entreprise Bouilhet-Christofle continue cependant à exposer certaines de ses plus belles pièces à son siège social, rue Royal, à Paris.
De nombreuses entreprises liées aux métiers de l'art et du patrimoine continuent à s'installer dans le département. Des artisans talentueux ou des techniciens, des artistes ou des scientifiques de la conservation et de la restauration font visiter leurs ateliers afin de mieux faire connaître leurs professions. Pour n'en nommer que quelques-uns, citons l'Atelier de poterie Franciade (Saint-Denis), le maître mosaïste Verdiano Marzi (Bagnolet), les Ateliers de moulage de la réunion des musées nationaux (Saint-Denis), l'atelier de restauration Benoît Marcu (Saint-Denis), le collectionneur de bois rares et précieux Jérôme Théveny (Bagnolet), sans oublier l'Unité d'Archéologie et Laboratoire Utica (Saint-Denis), l'institut national de recherches archéologiques préventives (Pantin) ou bien encore les archives départementales de la Seine-Saint-Denis (Bobigny) et tant d'autres encore qui ouvrent leurs portes aux amateurs.