En 1935, la ville de Pantin décide de faire construire une usine de pompage et de traitement des eaux. À l'origine, l'eau provient de cinq forages puisés dans des nappes souterraines du Sparnacien et de l'Albien. Un seul fonctionne encore aujourd'hui, un forage de l'Albien de 800 mètres de profondeur. L'Albien est un aquifère datant du Crétacé inférieur (troisième et dernière période de l'ère secondaire, soit moins 110 à moins 90 millions d'années avant notre ère) qui n'affleure pas, du moins en Ile-de-France, mais constitue un aquifère profond pouvant descendre jusqu'à 1000 mètres comme c'est le cas dans la Brie. Sa profondeur la protégeant des pollutions, l'eau de cette nappe est de très bonne qualité. Une fois pompée, l'eau du forage de l'usine de Pantin subit une oxygénation, une filtration sur sable, une chloration pour être, enfin, stockée dans deux réservoirs enterrés. L'usine de Pantin appartient au réseau de Neuilly-sur-Marne.
L'usine des eaux de Pantin est située dans un terrain arboré de 12 000 mètres carrés, au sud des voies ferrées. Elle est bâtie dans un style très dépouillé, aux volumes d'une grande simplicité, en béton habillé d'un parement de briques. La couverture est en terrasse surmontée d'un lanterneau vitré. Les encadrements sont en grès émaillé noir. Des ouvertures, dont certaines sont traitées en bandeaux continus, animent les façades. À l'intérieur, l'usine est constituée de deux ateliers, le premier pour le pompage, le second pour la filtration et la chloration. L'usine a fonctionné jusqu'en 2008 et est, aujourd'hui la propriété d'une société privée.
L'architecte Charles Auray et l'ingénieur Jean Molinié en sont les auteurs. Dans l'élan, ils construiront ensuite la piscine. La sobriété de l'architecture de l'usine des eaux de Pantin, typique des années trente, et la qualité des matériaux confèrent un grand intérêt à l'ensemble. Les toitures, les façades et le sol de l'usine ont été inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1997.
Dans la période de l'entre-deux-guerres, la France possède peu de piscines alors que ses voisins anglo-saxons ou germaniques en sont largement pourvus. Une prise de conscience de ce décalage pousse de grandes villes régionales à s'en doter. Paris et sa banlieue sont parmi les premières à faire cet effort. À Pantin, grâce à la création de l'usine de pompage et de traitement des eaux réalisée par la C.G.E., fournissant une eau à 26°, une piscine peut être construite. C'est le même duo que l'usine à eaux qui construit la piscine : le maire de Pantin, Charles Auray (1879-1938), confie à son fils Charles, alors jeune architecte de 24 ans, l'occasion de réaliser sa première véritable œuvre. Jean Molinié, un ingénieur expérimenté de la C.G.E., l'assiste et la piscine est inaugurée en 1937.
La piscine de Pantin offre un bassin aux normes de compétition tandis que ses dispositions intérieures se rapprochent des piscines privées parisiennes récemment construites, telles Molitor ou Pontoise. Le style architectural extérieur est, comme l'usine des eaux, typique des années trente. Charles Auray (le fils) a su rompre l'imposante masse de l'ensemble par des effets de volumes, jouant sur les avancées et les retraits. Les fenêtres rondes peuvent faire référence aux hublots d'un navire, rappelant la vocation nautique de l'édifice. Le revêtement en tuiles rouges des Comptoirs Tuiliers du Nord donne au bâtiment une allure colorée renvoyant au modèle néerlandais. Elle a été inscrite à l'inventaire des monuments historiques en 1997, en même temps que l'usine des eaux.
Photos Aurélie Lebelle DR
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