Lorsque le canal Saint-Denis est construit, il divise Aubervilliers en deux, coupant le vieux centre d’une grande partie de ses terres de cultures. Un pont-levis permet le passage d’une rive à l’autre, reliant la rue du Tournant (qui ne doit pas son nom au pont mais au fait qu’elle démarre à l’endroit même où le tracé de la rue Heurtault fait un coude) au chemin de culture qui se trouve sur l’autre rive. À l’occasion du réaménagement du bassin de La Villette et du canal Saint-Denis, les anciens ponts et ouvrages d’art en mauvais état sont reconstruits. Nous sommes en 1886 et l’industrialisation des anciens terrains de cultures albertivillariens a rendu obsolète le pont-levis. Celui-ci est démonté et remplacé par un pont tournant de 30 mètres de longueur et deux voies charretières. Sa charpente est de fer et la circulation s’y fait sur un pavage de bois.
Chaque fois que le pont doit laisser le passage à une péniche, il pivote, interdisant toute circulation aux véhicules. Les piétons peuvent emprunter la passerelle voisine pour rejoindre les entreprises des rues de la Haie-Coq, du Pilier ou de Saint-Gobain. Seule possibilité de traverser le canal dans cette partie d’Aubervilliers, il devient un point névralgique de l’économie et compromet les acheminements de marchandises lorsqu’il est "tourné". C’est la construction du Pont de Stains, dans les années trente, qui établira une véritable communication entre les rives d’Aubervilliers. Dégradé, il est envisagé, en 1929, de le remplacer, mais la construction de plusieurs autres ponts le long du canal le rend moins indispensable. Démoli en 1982, on peut encore distinguer au bord du canal le logement dans lequel il venait s’encastrer en pivotant sur des roulements et quelques mètres des pavés de l’ancienne chaussée. La passerelle pour piétons a été conservée et réaménagée.