Les deux noyaux villageois que constituent le Grand et le Petit Tremblay, aujourd'hui le « Vieux-Pays », sont attestés dès l'époque féodale. Le Grand Tremblay était fortifié au Moyen-âge comme le confirment les restes de murailles visibles dans l'actuelle rue des Fossés. Il s'agit des vestiges des remparts de l'ancien château des abbés de Saint-Denis, le Château bleu dit aussi château des Tournelles. Quant au Petit Tremblay, on sait que l'abbé Suger (1081-1151) le fit fortifier. Son double pouvoir d'abbé et de seigneur se manifeste dans l'ordonnance du village.
Après que Charlemagne ait renforcé le pouvoir de l'Église, celle-ci s'enferme dans ses possessions et agrandit ses domaines. Louis le Pieux, le fils de Charlemagne, offre le territoire de Tremblay qui relève du fisc royal (terres de la Couronne) à l'abbaye de Saint-Denis. Le village, qui prendra le nom de Tremblay-Saint-Denis jusqu'à la Révolution de 1789, est alors placé sous l'autorité de l'abbé de Saint-Denis, « seigneur » des lieux. L'abbé de Saint-Denis taxe doublement les terres de Tremblay-en-France, comme religieux avec la dîme et comme seigneur avec les redevances proprement seigneuriales.
En tant que seigneur, Suger fait construire au Petit Tremblay une grange destinée à recevoir les champarts, redevance en nature, typique des droits seigneuriaux. Le champart (étymologiquement « champ » et « part ») est un mélange de céréales (blé, seigle, orge) semées ensemble et dont les graines servent à la nourriture du bétail. La quote-part due au seigneur varie autour de 1/6 à 1/11 selon la région.
Comme religieux, Suger utilise une autre grange, plus imposante que la précédente, construite dans la cour de l'ancien château du Grand Tremblay, servant à percevoir la dîme. À son emplacement, l'actuelle Grange-aux-Dîmes perpétue le souvenir d'un bâtiment primitif, peut-être détruit par le feu.
La Ferme monastique à laquelle appartenait cette grange était le siège de la Chatellerie du village, fortifiée par Suger, d'où étaient administrées et exploitées les terres pour le compte de l'abbaye de Saint-Denis. La grange, reconstruite au XIIIe siècle, reprise au XVe puis, au XVIIIe siècle était destinée à recevoir la dîme, c'est-à-dire six pour cent (et non pas dix comme son nom pourrait le laisser penser) de la récolte locale des céréales, prélevée par les moines. Cette redevance était payée sous la forme de gerbes de blés.
De dimensions imposantes, puisqu'elle dépasse par sa taille l'église Saint Médard qui la jouxte, elle est précédée d'un porche flanqué d'une tour percée de meurtrières, témoignant de la vigilance de l'abbaye concernant la sécurité de ses revenus.
Tremblay-en-France : activités à découvrir.
Visuel : Ancienne grange dîmière (ou Grange aux dîmes, ferme monastique) : Vue intérieure. Tremblay-en-France (93), 9 place de la Mairie, mars 1990. Philippe Malpertu / Archives départementales de la Seine-Saint-Denis