L'architecture des établissements financiers, qu'il s'agisse des banques ou des Caisses d'Épargne, constitue à la fois un témoignage sur les racines économiques de notre pays, que ces hôtels éclairent d'un jour particulier, et sur un domaine crucial de notre culture : notre environnement urbain. Découvrez le passé – et l'avenir – de l'ex-bâtiment de la banque de France à Pantin.
Les bâtiments de la Banque de France (comme d'ailleurs ceux des Caisses d'Épargne) jouent un rôle essentiel d'une part par la place qui leur est impartie dans l'espace urbain et, d'autre part, par la qualité de leur architecture. L'hôtel de la Banque de France à Pantin en est un témoignage probant, mais nous retrouvons ce même témoignage à Saint-Ouen avec l'ancien bâtiment de la Banque de France situé face à l'Hôtel-de-Ville ou celui de Saint-Denis, rue Catulienne. Ces bâtiments, traités comme des hôtels particuliers, participent de l'histoire du goût entre 1880 et 1914, à savoir extrêmement académique. L'une des raisons en est probablement la composition des conseils d'administration respectifs de ces établissements financiers, recrutés parmi les notables locaux et sous l'égide des municipalités. Aussi, l'architecture y véhicule une image quasi institutionnelle, de pérennité et de confiance. Les grandes banques de dépôt créées sous le Second Empire ont une vocation nationale de drain de l'épargne bourgeoise vers l'industrie, d'où la construction d'un réseau de succursales monumentales prenant valeur d'une symbolique architecturale. Ces architectures répondent, le plus souvent, à un moment de l'histoire stylistique : l'éclectisme.
L'éclectisme historiciste (terme barbare mais utilisé dans le jargon des historiens de l'art) fait partie de notre quotidien qu'il soit religieux ou civil. Nous trouvons à tout moment dans notre environnement urbain des éléments de cette démarche consistant à rechercher l'origine de l'histoire de France à travers ses monuments. Les exemples les plus probants se situent dans l'architecture religieuse, comme on peut le voir à travers l'œuvre de Viollet-le-Duc, notamment l'église Saint-Denis-de-L'Estrée, ou encore avec l'église de la Sainte-Famille, au Pré-Saint-Gervais, d'inspiration romane bien que construite en 1913, mais aussi avec la petite maison construite sous Napoléon III à Neuilly-Plaisance.
Le bâtiment de la Banque de France, avenue Jean-Lolive à Pantin, répond parfaitement aux critères de l'éclectisme du XIXe siècle. Il cumule une construction XVIIIe siècle de type hôtel particulier, en fer à cheval, avec un pastiche du style Henri IV, reconnaissable à son mélange de briques et d'encorbellement de pierres. Ces bâtiments, sobres et classiques comme les bâtiments de la Banque de France de Pantin, de Saint-Denis ou de Saint-Ouen, ou complètement baroques, comme l'ont été les édifices de la maison Félix Potin, ont longtemps été, avec les mairies, les grands repères visuels de nos villes.
La Banque de France a quitté cet hôtel remarquable en 2010 pour s'installer au 140 avenue Jean Lolive. L'ancien bâtiment de la Banque de France de Pantin est resté en attente d'une nouvelle vie jusqu'en 2015 où il a été décidé d'y installer une école de mode. Cette dernière a ouvert ses portes en 2018. Après Hermès et Chanel, ESMOD, école de formation aux métiers de la mode, créée à Paris en 1841 s'installe à Pantin. Les travaux ont commencé en novembre 2016 pour une durée de 13 mois. Dès son ouverture, elle accueille de 400 à 500 élèves de 60 nationalités différentes.
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