La présence du canal et de la voie ferrée génère à Pantin un système de liens industriels entre Paris et la ville. Ces liens s'effectuent dans les deux sens puisque les entreprises chimiques pantinoises se servent des sous-produits des abattoirs de La Villette pour leur production chimique tandis que les produits et matières premières en provenance du nord-est sont stockés ou manufacturés à Pantin avant de partir vers la capitale.
Une grande diversité de sites s'installe sur cet espace industriel offrant chacun leurs propres caractéristiques architecturales mais aussi leur positionnement par rapport à la ville. Ainsi, les établissements installés entre la rue Victor Hugo et le quai de l'Aisne à Pantin s'organisent tous sur le même plan, à savoir leur rapport au canal et à la ville.
Les bâtiments administratifs et les maisons de maître, porteurs de l'image de l'entreprise, bénéficient d'un traitement de façade esthétique parce qu'elles ouvrent le site sur la ville. Les accès permettant l'acheminement des marchandises, côté canal, sont au contraire peu soignés. La manufacture de meuble Louis, implantée en 1907 et réalisé par l'architecte Etienne Jacquin, est typique de ce type d'aménagement. En revanche, les établissements commerciaux qui s'ouvrent sur le canal soignent davantage les bâtiments situés sur les quais comme l'ont fait la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris et la société Max Renaud.
Lorsque le menuisier parisien Frédéric Louis décide de créer sa propre manufacture, il achète en 1907 un terrain situé 37-39 rue Victor-Hugo, à Pantin, et confie à l'architecte Etienne Jacquin l'étude et l'exécution de bâtiments pour la fabrication de meubles en bois. Le résultat est remarquable. Cette usine, particulièrement bien équipée sur le plan de la sécurité, l'est aussi sur le respect de son environnement. Un système ingénieux aspire la sciure et les copeaux, assurant une grande propreté des locaux, tandis que ces déchets sont réutilisés comme combustible. L'architecte s'est conformé à la tendance de l'époque qui se tourne vers l'usage de la brique, décor économique qui confère à peu de frais une certaine élégance, et l'emploi de la meulière qui assure aux bâtiments industriels solidité et respectabilité en s'intégrant parfaitement bien dans le vernaculaire.
Les différents bâtiments s'organisent en U autour d'une cour, sorte de "cour d'honneur". De part et d'autre de l'entrée se trouvent un pavillon d'habitation et la loge du concierge, tandis que la scierie est située au fond dans un bâtiment à trois niveaux. Le dépôt des meubles, les communs, les écuries et la sellerie s'intègrent de chaque côté du U. Sur le plan esthétique, l'architecte a emprunté au vocabulaire Art nouveau l'emploi de la céramique pour tracer les lettres de l'enseigne au fronton de l'usine. La polychromie de la brique souligne le premier étage du logement ainsi que l'entourage des baies.
Depuis 2010, l'ancienne manufacture de meuble, rue Victor Hugo à Pantin accueille environ 240 logements.