Depuis l'Ancien Régime, l'État intervient dans des domaines de l'économie et de la production industrielle. En plus de ses propres bâtiments, comme la caserne de Rose et la caserne Danna, toutes deux à Dugny, il agit directement en bâtissant et équipant ses propres établissements orientés vers des activités diverses. En Seine-Saint-Denis, c'est le cas pour la poudrerie de Sevran, la fabrique d'allumettes à Aubervilliers, toutes deux encore visibles, mais aussi la corderie du Blanc-Mesnil dont il ne reste que quelques vestiges.
C'est Napoléon III qui, en 1865, décide la construction d'une poudrerie afin de répondre aux besoins militaires, développer les expérimentations et améliorer les techniques. Par mesure de sécurité, la poudrerie impériale est construite à l'écart des habitations, en pleine forêt de Bondy, ancienne forêt royale. Un embranchement la raccorde au chemin de fer et le canal passe au nord de ses terrains. L'ingénieur poudrier Gustave Maurouard (1822-1910) est chargé d'établir les plans et de diriger la construction de la poudrerie. Comme celle-ci n'est pas, comme le sont habituellement les poudreries, édifiée près d'une rivière ou en contrebas d'un canal d'attitude, situation en principe nécessaire au fonctionnement des moulins à poudre, la poudrerie de Sevran est dotée d'une chaudière expérimentale avec l'installation d'une centrale énergétique à vapeur. C'est le premier site poudrier au monde à utiliser des machines à vapeur.
La poudrerie fonctionne un siècle, de 1873 à 1973, et emploie, durant certaines périodes, plus de 3 000 ouvriers. La cité-jardin de la Poudrerie à Livry-Gargan, construite en 1933, fut commandée pour accueillir des ouvriers de la Poudrerie. Elle pouvait produire jusqu'à 28 tonnes de poudre par jour. Le bâtiment encore debout, dit pavillon au clocher, avait été conçu pour être le point de départ des transmissions télédynamiques qui faisaient fonctionner l'ensemble de la poudrerie durant les premières années de sa mise en œuvre. Sa construction associe pierre de taille et brique, faisant de cet édifice un bel exemple de l'architecture industrielle de la fin du XIXe siècle.
Dès 1885, le rôle en matière de recherche de la poudrerie de Sevran est aussi crucial que la production. Un laboratoire d'expérience pour la commission des substances explosives y est créé. Elle est alors considérée comme une poudrerie expérimentale du Service des poudres et salpêtres. Alfred Nobel y travaille à l'invention d'une poudre à canon moderne, destinée à remplacer la poudre noire. Mais le Gouvernement français refuse sa nouvelle poudre. Les Italiens, en revanche, s'y intéressent. Ils font affaire ! Une violente campagne de presse est alors menée contre le chimiste, campagne qui le conduit à quitter la France, en 1891, pour l'Italie.
Après la Première Guerre mondiale, d'importantes recherches se poursuivent à Sevran sur la stabilité des poudres, les mécanismes des explosions et la sécurité du stockage des explosifs. En 1945, un laboratoire de balistique y est créé. Enfin, en 1967, c'est à Sevran qu'est mis au point l'imploseur de la première bombe atomique française. Peu de temps après, la fermeture de la poudrerie est décidée et, entre 1969 et 1971, les services sont délocalisés. Après avoir appartenu plus d'un siècle au ministère de la Défense, le parc de la Poudrerie est transféré, en 1980, aux mains du ministère de l'Environnement et réaménagé par l'Office National des Forêts.
Après sa fermeture et la cessation de ses activités principales, la poudrerie est transformée en musée, en 1982. Son importance historique y est mise en valeur et l'évolution des activités techniques de l'ancien établissement poudrier y est retracé. De la poudre noire aux fusées à poudre, le musée évoque les découvertes et traditions de la communauté poudrière. Ainsi, le musée conserve des flacons de conditionnement de poudre et des sabots utilisés par les ouvriers. Lorsqu'ils se déplaçaient, ceux-ci étaient tenus de ne conserver que des chaussons de cuir afin d'éviter tout risque d'étincelles. C'est également pour cette raison que le sol des laboratoires est recouvert de pavés de bois.
Devenu Parc National Forestier de la Poudrerie de Sevran, la gestion du site qui s'étend sur une superficie de 137 hectares sur les communes de Sevran et Livry-Gargan a été confiée, en 1999, à l'Agence des Espaces Verts pour le compte du Conseil Régional d'Ile-de-France qui n'en est pas pour autant le propriétaire. Idéal pour les promenades, c'est aussi un instrument pédagogique qui permet de s'initier à l'apiculture, la sylviculture, l'orientation et même la varappe.
En plus de la visite du musée de la Poudrerie, il est possible de participer à des balades découvertes, organisées durant l'été, dans le parc, seul site boisé classé du département.
La Poudrerie bénéficie de 200 000 euros attribués dans le cadre du Loto du patrimoine pour remettre en état cinq bâtiments.