Le 21 mai 1927, le Spirit of Saint Louis, l'avion de Charles Lindbergh, se pose à l'aéroport du Bourget devant deux cent mille personnes enthousiastes qui se bousculent au bord de la piste pour l'apercevoir. Il vient de traverser l'Atlantique en 33 heures et trente minutes. Premier aéroport civil depuis 1919, Le Bourget sera progressivement délaissé à partir de 1961 pour Orly et de 1977 pour Roissy.
En 1914, lors du début de la Première Guerre mondiale, Désiré Lucca, lieutenant dans l’aviation française, a ordre de chercher un site au nord de Paris pour contrer l’aviation allemande. Il atterrit le 9 octobre 1914 sur un terrain, appelé Aéropolis – il est idéalement situé entre Dugny et le Bourget soit au nord de la capitale. Dès lors tout le nécessaire est monté en un mois (hangars, bâtiments) et ce sur ordre de réquisition immédiat. C’est le début du futur site de l’aéroport du Bourget !
1914, l'armée réquisitionne le terrain de quarante hectares sur Dugny pour la construction d'un aéroport près de Paris. Rapidement, l'aéroport s'étale sur Dugny et Le Bourget et prend le nom de cette commune. C'est du Bourget que part le premier vol de reconnaissance de Louis Bréguet qui permet l'organisation de la bataille de la Marne en septembre 1914. Le 18 août 1918, le premier avion postal officiel s'envole vers Saint-Nazaire et, l'année suivante, l'aéroport du Bourget est officiellement inauguré. Durant les années vingt, les grandes lignes en partance vers l'étranger se multiplient, tandis que, la décennie suivante, drames et exploits se succèdent. En 1921, la liaison avec la Grande-Bretagne, Le Bourget-Croydon, est assurée six fois par jour, constituant un record mondial de fréquence. Trois ans après l'exploit de Charles Lindbergh, Costes et Bellontes rallient Paris à New-York à bord du Point d'interrogation. En 1931, Le Brix et Mesmin, partis du Bourget, périssent dans l'Oural en tentant de relier Tokyo.
Terrisse et Rumpler, deux ingénieurs des Ponts et Chaussées sont chargés, avec l'architecte Henri Decaux, d'installer l'aviation commerciale le long de la route des Flandres, sur la partie Est du terrain, côté Dugny, à l'emplacement de la toute première base. Celle-ci est alors entièrement réaménagée. En 1922, cinq grands hangars de 15 mètres de haut et plus de 50 mètres de large, entièrement en béton armé, sont construits selon les plans de l'ingénieur Henry Lossier, et mis à la disposition des compagnies pour abriter leurs avions. Chaque hangar peut contenir six appareils. Les autres installations, achevées en 1924, sont d'une conception inimaginable aujourd'hui, mais cohérente étant donné la taille de l'aéroport à l'époque. Celui-ci est composé de différents pavillons, chacun ayant sa propre affectation : la douane, le buffet, les services météorologiques, le logement du commandant, etc. Le bâtiment de la direction est surmonté d'une horloge, comme dans une gare dont on retrouve de nombreux détails d'organisation. Au fronton de l'avant-corps figurent les blasons des grandes villes européennes desservies par l'aérogare : Bruxelles, Berlin, Moscou, Londres...
L'afflux sans cesse grandissant des passagers et l'augmentation du fret, à l'aube des années trente, commencent à dépasser les capacités du Bourget. De 740, en 1919, le nombre de passagers atteint, vingt ans plus tard, le chiffre incroyable de 45 000 ! Le trafic international ne cessant de se densifier, la compagnie Air France est créée en 1933 et la construction d'une véritable aérogare de capacité et d'allure plus digne de la capitale s'avère indispensable. Un concours pour sa conception et sa construction est lancé en 1935 par le ministère de l'Air. Georges Labro (grand prix de Rome et spécialisé dans la construction de bureaux de poste) l'emporte en tandem avec la Société nouvelle de construction et de travaux pour la réalisation. Il leur faut faire vite car le chantier doit être terminé pour l'Exposition universelle de 1937. Labro conçoit un bâtiment rectiligne de 233 mètres de long, "Janus", dont la partie située côté terrain est technique et entièrement dédiée à l'aviation. Janus est placé entre les alignements des anciens hangars, eux-mêmes agrandis. L'ensemble offre un édifice alliant modernité, esthétique et fonctionnalisme.
La cour d'honneur, qui accueille passagers et visiteurs, présente, d'un côté une longue et basse façade blanche recouverte de calcaire marbrier, rythmée de larges travées vitrées. À l'opposé, Georges Labro utilise la métaphore marine pour signifier le "port aérien". La tour de contrôle, vaste rotonde s'avançant entre les ailes du bâtiment, figure la proue d'un navire tandis que les terrasses en gradins, aménagées pour les spectateurs lors des parades aériennes, symbolisent les ponts garnis de bastingages. L'intérieur est réalisé dans un style résolument années trente. Une allée bordée de huit colonnes menant à l'escalier à double volée donne à l'ensemble un aspect strict et majestueux. Les larges baies vitrées de la façade éclairent les travées du grand hall, lui-même éclairé par les pavés de verres des trois voûtes de la toiture. Dans les années quarante, trois statues monumentales d'Armand Martial, récupérées d'une exposition coloniale, remplacent l'ancien fronton à blasons jugé trop « ferroviaire » et désormais dépassé.
Avec le second conflit mondial, l'aérogare du Bourget devient une cible stratégique. Si c'est au Bourget qu'atterrit l'avion qui ramène d'Allemagne les dirigeants français et anglais signataires des accords de Munich, le répit est de courte durée. L'aéroport est bombardé puis occupé par la Luftwaffe qui s'empresse de repeindre les bâtiments pour les camoufler. Les terrains sont agrandis et une première piste en béton est construite. À leur tour, les alliés vont s'acharner sur le bâtiment de Labro et dévaster les hangars de Lossier. Les Allemands, chassés du Bourget en 1944, Labro se remet au travail et reconstruit son bâtiment pratiquement à l'identique. Deux ans plus tard, en 1946, le Bourget est rattaché à l'établissement public Aéroports de Paris et ses 550 hectares s'étalent aujourd'hui sur quatre communes et deux départements : la Seine-Saint-Denis (Le Bourget et Dugny) et le Val-d'Oise (Bonneuil-en-France et Gonesse).
Lorsqu'en 1953 sa nouvelle tour de contrôle est inaugurée, l'aéroport voit passer plus de 600 000 voyageurs. Orly puis Roissy précipitent sa chute. Devenu un « petit » aéroport, le Bourget continue malgré tout de vivre par et pour l'aviation. Le Bourget est l'un des trois derniers aéroports des années vingt à subsister avec Speke à Liverpool et Tempelhof à Berlin. Il représente un patrimoine architectural unique dont certaines parties sont protégées depuis 1994. Le bâtiment de l'aérogare est inscrit à l'inventaire des monuments historiques et abrite le Musée de l'Air et de l'Espace. En revanche, les hangars de Lossier et les quelques pavillons restants datant de la première époque et aujourd'hui désaffectés ne sont pas protégés.
La vocation du Bourget commence à évoluer, à partir de 1953, en accueillant le célèbre salon international de l'aéronautique et de l'espace qui se déroule toutes les années impaires. Puis le Musée de l'Air et de l'Espace s'y installe. Dès 1918, alors que l'aviation n'en est encore qu'à ses débuts, un conservatoire aéronautique est projeté. Les premières pièces collectées sont entreposées dans un hangar de Chalais-Meudon en 1921. En 1933, le tout nouveau ministère de l'Air projette d'installer le musée dans Paris mais, faute de place, il doit y renoncer. L'ouverture de l'aéroport de Roissy, en 1973, libère le trafic nord jusque-là concentré au Bourget. Les infrastructures de ce dernier, désormais libérées, fournissent l'occasion rêvée et le lieu idéal pour concrétiser le projet muséal. Le 27 mai 1975, le premier hall d'exposition, consacré à la Seconde Guerre mondiale est inauguré. Suit l'ouverture de trois autres halls proposant une organisation chronologique des collections couvrant deux périodes principales : de 1919 à 1939 et de 1945 à nos jours. Puis, c'est au tour du hall E, ouvert en 1982, et du hall F l'année suivante. En 1986, les pièces les plus anciennes sont rapatriées de Meudon et installées dans le bâtiment de Georges Labro.
Les hangars de Lossier sont utilisés pour la maintenance des avions d'Air France (jusqu'en 2015) et le hangar de Labro a été reconverti en atelier de restauration d'avions. L'espace fourni par le tarmac du Bourget permet de présenter de grosses pièces telles que le Bœing 747 ou le Concorde. Depuis son ouverture, le Musée de l'Air et de l'Espace du Bourget a été maintes fois réaménagé et ses présentations modernisées mais il demeure, à ce jour, l'un des plus grands du monde. De nombreux évènements sont proposés au public tout au long de l'année par le musée même. Il est également possible de visiter les ateliers de restauration du Musée de l'Air et de l'Espace à travers un programme des visites industrielles.
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