En étudiant le patrimoine industriel de la banlieue en général et de la Seine-Saint-Denis en particulier, il est permis de se poser la question d’une hypothétique unité architecturale. La réponse est mal aisée. Il ne semble pas exister d’homogénéité, sauf, peut-être, pour certains secteurs où la spécialisation fonctionnelle est forte comme les Magasins généraux par exemple. En revanche, si nous ne devions trouver un ou plusieurs symboles représentatifs pour tout à chacun de l’usine, nous en retiendrions deux : le toit en sheds (toit en dents de scie) et la cheminée d’usine.
Présente sur tous les papiers à en-têtes des entreprises la cheminée fumante symbolise parfaitement l’image de la banlieue industrielle. Présentes également dans la littérature, les hautes cheminées d’usines sont indissociables de la représentation de la banlieue ouvrière et ont durablement marqué le paysage.
Il ne reste aujourd’hui que très peu de ces cheminées de briques des usines qui crachaient une fumée noire et polluaient nos villes. Dernier vestige de l’activité d’un site, elle est souvent la première démolie si elle occasionne un danger comme celle de l’ancienne Manufacture de caoutchouc à Neuilly-sur-Marne. Pourtant, il est encore possible de voir celles de l’ancien séchoir à bois de la rue de Lagny, à Montreuil-sous-Bois, de l’ancienne usine Hartog, quai Lucien-Lefranc, à Aubervilliers, de l’ancienne Manufacture des allumettes (aujourd’hui Institut National du Patrimoine) également à Aubervilliers, la cheminée de l’ancienne entreprise Mullca à Noisy-le-Sec ou bien encore celles de la Pharmacie centrale de France, à Saint-Denis, ou de la chocolaterie Perron à Pantin. À Romainville, une cheminée en béton se trouvait sur le site Roussel, elle a été remplacée par une cheminée en métal.