Le phénomène des bidonvilles, a concerné des dizaines de milliers de personnes entre 1954 et 1974 dans l'histoire urbaine, sociale et politique de la Seine-Saint-Denis.
L’histoire des bidonvilles appartient à celle du mal-logement ouvrier dont les hygiénistes prennent conscience au XIXe siècle. Dès le début des migrations étrangères du XXe siècle, les étrangers s’installent dans des quartiers dégradés qui, progressivement, se transforment en ce que l’on nommera plus tard des bidonvilles. Le terme, né en Afrique du Nord, s’applique à des ensembles de baraques et d’habitations précaires où vivent des travailleurs pauvres.
Les Espagnols s’installent dans le bidonville du Cornillon, à Saint-Denis, mais aussi à Aubervilliers, Saint-Ouen, Pantin, La Courneuve, Drancy, le Blanc-Mesnil. Ces quartiers prennent le nom de villages nègres. Au Franc-Moisin, à Saint-Denis, les habitants eux-mêmes nomment leur rassemblement le quartier chinois. Italiens, Polonais et Portugais sont aussi présents dans le nord-est parisien mais ne créent pas, comme les Espagnols, des quartiers à l’identité aussi profondément marquée. Quant aux Nord-Africains, les Français musulmans d’Algérie, célibataires dans un premier temps, très présents à Aubervilliers, Saint-Denis et Saint-Ouen, ils s’entassent plutôt dans les hôtels meublés.
Après la Seconde Guerre mondiale, le bidonville est perçu comme une extension transitoire de la crise aiguë du logement qui sévit alors. L’appel de l’abbé Pierre, en 1954, amplifie le phénomène car, parallèlement à l’élan de solidarité, il déclenche un afflux de mal-logés vers la région parisienne. D’autant que la reprise économique provoque l’arrivée massive de travailleurs algériens. À Saint-Denis, La Courneuve, Montreuil et Aubervilliers, les Espagnols, Portugais et Nord-Africains se détournent des hôtels surpeuplés et s’installent dans les « quartiers nègres ou chinois ». À Saint-Denis, les sites du chemin du Cornillon, de la rue du Landy, des Francs-Moisins et du Chemin de Marville accueillent les nouveaux arrivants, tandis qu’à Aubervilliers, ils s’installent majoritairement sur le chemin de halage du canal Saint-Denis. À La Courneuve, la Campa, près du vieux chemin de Stains, intègre Gitans andalous et Tsiganes.
En 1956, pour tenter de résoudre le problème, le gouvernement crée la Société nationale de construction pour les travailleurs algériens (Sonacotral). Malgré la bonne volonté sociale de cet organisme, il devient rapidement un outil efficace d’encadrement des Français musulmans d’Algérie par le ministère de l’Intérieur. L’immigration algérienne s’amplifie et la résorption des bidonvilles est d’autant plus difficile que la Sonacotral souffre du manque de solidarité des Offices HLM, là où la crise sévit. Avec l’indépendance algérienne, en 1962, la Sonacotral perd à la fois sa spécificité envers les travailleurs algériens et son « l » final pour devenir la Sonacotra.
La résorption des bidonvilles est l’une des grandes questions sociales de la France des années 1960-1970. Entre 1971 et 1973 le suisse Walter Weiss photographie la banlieue parisienne dans le cadre de sa mission en tant que volontaire d'Aide à toute détresse (ATD). Il photographie les bâtiments, la misère, l'entraide, les baraques, les chantiers de construction des futures "cités" à Noisy-le-Grand, Saint-Denis (les Franc-Moisins), le marché aux Puces de Montreuil... Ces photographies appartiennent désormais aux fonds photographiques des archives départementales de Seine-Saint-Denis.
Les archives départementales de Bobigny et les archives de Saint-Denis comptent de nombreux documents relatifs aux bidonvilles et notamment des photographies qui montrent divers aspects de la vie quotidienne dans les bidonvilles de la Seine-Saint-Denis. Inscrites dans l'histoire socio-politique des années 1950 à 1970, ces images donnent à voir une histoire des bidonvilles en Seine-Saint-Denis, notamment à Noisy-le-Grand, Aubervilliers et Saint-Denis.
Des photographes comme Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Claude Dityvon ou des cinéastes comme Eli Lotar ou Edouard Luntz ont témoigné de ce phénomène.
Vous pouvez consulter le fonds photographiques Walter Weiss dans les archives en ligne des Archives départementales ainsi que le fonds de l'Humanité et d'autres documents sur les bidonvilles.
La ville de Saint-Denis propose elle aussi un riche fonds de photos des bidonvilles de Saint-Denis.
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