Il existe une architecture scolaire spécifique au même titre que l'architecture religieuse, urbaine ou industrielle. Mais cette existence est récente puisqu'il faut attendre le XIXe siècle, sous le règne de Louis-Philippe, pour qu'une typologie se dégage pour chacun des édifices publics soumis à l'approbation du Conseil des Bâtiments Civils.
C’est durant la monarchie de Juillet que va se concrétiser l’idée d’une école pour tous. Avec la loi Guizot, en 1833, chaque commune a pour obligation d’entretenir au moins une école de garçons. Dans un premier temps, c'est une réécriture de la tradition conventuelle qui est utilisée.
À Aubervilliers, deux groupes scolaires sont édifiés à cette époque, l'école Victor-Hugo avenue Victor-Hugo en 1877, et l’école Jean-Macé construite en 1876-1877 rue Henri-Barbusse. En 1880, le député Camille Sée et M. Lignereux, maire de la ville, inaugurent les deux premiers groupes scolaires de Saint-Ouen : l’école de la Gare, devenue école Emile-Zola, et le groupe scolaire Michelet dans le quartier de Cayenne. Là aussi, l’école des filles est nettement séparée de celle des garçons. Ces deux groupes scolaires ont conservé l’architecture de leur façade où l’on trouve l’entrée pour les filles et l’entrée pour les garçons malgré la mixité actuelle.
Sous la IIIe République, s'affirment les caractères architecturaux qui marqueront les « écoles de Jules-Ferry » et rendront ces édifices particulièrement visibles dans le paysage. À la suite des lois votées en 1881-1882 à l’initiative de Jules Ferry sur la gratuité et l’obligation de l’enseignement primaire en France, des groupes scolaires fleurissent un peu partout. L’afflux de la population engendre des problèmes sociaux graves notamment pour ce qui concerne la scolarisation. La construction d’un troisième groupe scolaire est envisagée à Aubervilliers, mais le choix du projet architectural divise le conseil. C’est sur cette question scolaire que le maire, Achille Domart doit démissionner. Durant la période de transition, l’adjoint faisant office de maire choisit l’architecte Valez qui construira le groupe scolaire de la rue Paul-Bert en 1888.
À la même époque, en 1888, au Bourget, les s½urs de Saint-Vincent-de-Paul ouvrent une école de filles rue Edgar Quinet. L’architecte en est Chanffaron et le projet est en partie financé par la commune. Au début du XXe siècle, des garçons sont également accueillis mais la séparation d’avec les filles reste stricte : filles et garçons utilisent des entrées différentes et la cour de récréation est divisée en deux par un grillage. Ce bâtiment, restauré et transformé, abrite aujourd’hui le collège Didier Daurat.
L’école Marcelin-Berthelot, construite en 1893 à Montreuil-sous-Bois, appartient aux modèles architecturaux les plus élégants de cette époque. Montreuil qui possède déjà deux écoles connaît, comme ses voisines, un surcroît d’inscriptions qui oblige la municipalité à envisager la construction d’un troisième groupe scolaire. Il entre en service dans les années 1890 et abrite alors pas moins de vingt classes primaires dont une maternelle. Construit en brique, le centre du bâtiment, qui présente les deux entrées traditionnelles, filles et garçons, est surmonté d’un clocheton.
Peu à peu, le débat d'idées, né de la multiplicité des projets, s'insinue dans l'architecture scolaire qui se hisse aux tout premiers rangs des préoccupations des concepteurs. Il s’agit d’établir une relation évidente entre l’architecture et l’idéologie républicaine à partir de laquelle prend corps un programme national de construction scolaires « monumentales ». À la veille de la première guerre mondiale, une typologie émerge où l'on retrouve tout autant les conventions du rationalisme que les grands thèmes de la modernité. En 1906, à Bondy, les habitants du quartier des Coquetiers, au sud-est du territoire, organisent une pétition pour obtenir la construction d’une école plus proche de leur quartier. Le projet est confié à l’architecte municipal, Deaudanne, qui prévoit déjà l’augmentation de la population. L’école, construite en pierre meulière, est réalisée en 1912. Ouverte en 1904, l'école Pasteur, à Clichy-sous-Bois, est créée dans une bâtisse sobre et massive construite une quinzaine d’années plus tôt. La façade est en pierres apparentes tandis qu’un feston de briques souligne les arcatures de ses larges fenêtres. Rapidement trop petite, des bâtiments annexes lui sont ajoutés en 1912.
Le groupe scolaire Anatole-France à Saint-Ouen présente une architecture plus originale, du moins complètement différente, des précédentes. Le bâtiment, tout en longueur, surélevé de deux étages et percé de doubles fenêtres en arcades, est d’une symétrie parfaite. Son architecte a peut-être souhaité faire écho au château de Saint-Ouen dont il est le voisin.
La construction d’une école communale à l'Ile-Saint-Denis est décidée en 1911. Un bâtiment élégant, en pierre meulière, est élevé deux ans plus tard, quai de Seine, à l’emplacement de l’ancienne mairie. À l’origine, cette école est destinée uniquement aux garçons et ne présente donc qu’une seule entrée.
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