Dès la fin du XIXe siècle, le rythme de la construction laissée à l’initiative privée est insuffisant dans l’agglomération parisienne et l’augmentation du nombre de logements ne suit pas l’accroissement de la population. Les loyers augmentent plus vite que le coût de la vie, les taudis se multiplient, l’entassement s’accentue.
Misère et mortalité vont de pair. Le choléra d’abord, puis la tuberculose déciment la population ouvrière urbaine. Médecins et hygiénistes s’en émeuvent. Les médecins jouent un rôle essentiel dans le progrès social car leurs actions et leurs cris d’alarme provoquent une prise de conscience. Le corps médical établit clairement la liaison entre la propagation des épidémies et les taudis des quartiers populaires. Pourtant il faut attendre 1894 pour qu’une loi crée les Habitations à Bon Marché (HBM). À l’initiative de Jules Siegfried et de Georges Picot, cette loi donne la possibilité d’utiliser les fonds de la Caisse des dépôts pour financer des programmes de logements à bon marché. Elle servira de base à toutes celles qui suivront.
Du point de vue politique, les orientations libérales dominent tout le XIXe siècle et, c’est grâce à l’action des philanthropes, que naît l’idée de l’habitat social. L’Etat s’abstenant de toute intervention, la construction de logements, comme beaucoup d’autres domaines, est abandonnée à l’initiative privée. Madame Lebaudy, la veuve du célèbre sucrier, et Monsieur Rothschild se font remarquer par la création de leur fondation (1903 pour la première, 1904 pour le second) et la construction de logements sociaux.
En 1912, la loi Bonnevay, acquise à l’unanimité, institue les Offices d’HBM qui autorisent les communes et les départements à devenir partie prenante dans l’histoire du logement social. L’Office d’HBM de la Seine est créé en 1914 mais la priorité est alors sur un autre front et il faut attendre la fin de la Première Guerre mondiale pour que commence à se dessiner véritablement un début de programme de constructions.
En 1920, trois immeubles d’HBM sont construits à La Courneuve. Il est vrai que la population de la commune quintuple entre 1900 et 1926 et l’on doit loger cet afflux de migrants attirés par le développement industriel de la région. Sur l’actuelle place du 8 mai 1945 sont élevés deux de ces immeubles. Le premier est d’une grande simplicité, mais le second utilise la brique pour la décoration de sa façade. Sur un fond de briques grises, des briques rouges sont agencées pour la composition de motifs divers, brisant ainsi l’austérité de l’édifice. Afin de rompre la monotonie de la façade, l’architecte s’est appliqué à une recherche stylistique en modifiant à chaque étage l’ornementation des fenêtres, soulignant ainsi les lignes horizontales du bâtiment.
Un troisième immeuble, édifié durant la même période rue de la République, associe la brique rouge et le béton. Sa structure est d’une grande sobriété, de celle qui caractérise les constructions qui se multiplient dans les années 1920. La commune de Montreuil-sous-Bois connaît aussi une augmentation importante de sa population qui passe de 51 026 habitants à 70 450 en 1931. À partir de 1928, six cent quatre-vingts neuf logements collectifs, composés d’HBM et d’ILM (immeubles à loyers modérés), sont construits sur le haut Montreuil, au 66 de l’actuelle rue Edouard-Vaillant, grâce à des capitaux privés.