Interview de Sébastien Lagrave, directeur du festival Africolor

Sébastien Lagrave, vous êtes le directeur d’Africolor depuis 2012. Pouvez-vous nous présenter votre parcours et les grandes lignes de votre projet artistique pour le festival ?

Après des études de philosophie, je suis passé par la musique classique avant de m'intéresser aux musiques actuelles et de rejoindre Africolor en 2012. Africolor est un festival de création autour des musiques africaines, nous programmons des artistes de tous genres musicaux en relation avec la créativité du continent africain. À l'écoute des mutations de celui-ci, Africolor est un passeur de musiques, initiant des rencontres inédites entre les artistes des deux côtés de la Méditerranée. Depuis les musiques classiques acoustiques jusqu'aux nouvelles tendances électroniques, Africolor va à la rencontre de tous ceux qui font le présent des scènes africaines et françaises. 

En 2019, Africolor a fêté ses 30 ans. Pour 2020, vous proposez « une sortie par le haut ». Pouvez-vous nous en dire plus sur la programmation qui va clore cette année si particulière ? 

On a tous un peu envie de tourner la page de l'année 2020 mais nous proposons de le faire en musique, en nous adaptant aussi aux conditions sanitaires. C'est pourquoi nous proposons des spectacles essentiellement assis avec des artistes qui vivent ici et qui représentent ce que j'appelle les "Afriques d'ici". Il y aura également des créations et des rencontres inédites. Et, pour célébrer les indépendances africaines, nous proposons une création itinérante et "corona-compatible", Indépendances Cha Cha, qui se jouera pour des petits groupes de publics en déambulation dans les différents lieux du festival. On y découvrira des talents comme Kyekyeku, Senny Camara, une chanteuse sénégalaise installée à Paris depuis 2000, ou encore Selma Uamusse, une artiste mozambicaine vivant au Portugal, qui jouera au Théâtre du Garde-Chasse jeudi 26 novembre. 

Quelles sont les relations que le festival entretient avec le territoire de la Seine-Saint-Denis ?

Le festival est né en Seine-Saint-Denis en 1989, c'est donc un lien charnel qui nous unit. Un lien que nous avons pu ressentir lors des grèves de l'an dernier qui n'ont rien changé à la fréquentation de nos salles, parce que le public d'Africolor est un public local. Nous sommes un festival pour les habitants de la Seine-Saint-Denis. Souvent, ils connaissent les artistes mieux que les médias. Depuis toutes ces années, nous avons par ailleurs tissé des liens avec les représentants des diasporas importantes, notamment les ressortissants du Mali et des Comores. Nous travaillons d'ailleurs, en partenariat avec le Département de la Seine-Saint-Denis, à des projets aux Comores et au Mali, qui font une boucle entre la dimension locale et l'international.

Pour finir, avez-vous des bons plans ou des adresses sympathiques en Seine-Saint-Denis (restos, sorties culturelles…) que vous souhaiteriez partager avec nos lecteurs ?

Pour les sorties culturelles, je recommande forcément tous les partenaires du festival : du Théâtre Gérard Philipe au Nouveau Théâtre de Montreuil en passant par Clichy-sous-Bois... Ils font la diversité culturelle du département. Et je n'oublie pas Mains d'Oeuvres qui (enfin !) reprend ses activités. Pour les restos, je garde un très bon souvenir d'une adresse à Saint-Denis appelée O Grand Breton (que je suis un peu moi-même j'avoue...) et qui est tout sauf une crêperie !

Merci beaucoup Sébastien !

Retrouvez le festival Africolor en novembre et décembre.