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Interview : Nicolas Combet auteur d'Usufruit


  • Portrait de Nicolas Combet auteur d' Usufruit
  • Couverture d' Usufruit de Nicolas Combet
  • Portrait de Nicolas Combet auteur d' Usufruit

Nicolas Combet nous livre son premier roman Usufruit. L'action de son livre se déroule à Montreuil ce carrefour du monde où se jouent des histoires d'hommes ou plus exactement d'humanité. Il a accepté de nous parler de son ouvrage, de cette ville où il habite, de son rapport à l'écriture et à l'histoire, sans oublier de nous livrer ses bons plans à Montreuil.

Visuel : Nicolas Combet © Hélène Bamberger/P.O.L

Quel est le sujet d'Usufruit ?

Je n’ai pas entamé l’écriture de ce livre avec l’ambition ou le désir de traiter un sujet. Il s’agissait surtout de mettre en relation des moments de récits en faisant confiance à l’intuition que ces moments avaient à voir les uns avec les autres. C’est au fil de l’écriture que ce qui s'apparente à un sujet est apparu, et que je pourrais alors résumer comme cela : qu’est-ce qu’avoir un chez-soi ? qu’est-ce que cela implique et coûte (pas uniquement en terme économique) ? Le titre du livre est arrivé à la toute fin de l’écriture et il situe dans quel domaine se trouve le livre : celui de la jouissance d’un bien, de la responsabilité qui en découle, vis-à-vis des autres, vis-à-vis du lieu même. Au fond, cela rejoint une inquiétude qui me suit depuis longtemps : celle, un jour, d’être sans lieu.

Votre histoire se déroule à Montreuil. Pourquoi Montreuil ?

J’habite à Montreuil depuis 20 ans. C’est l’endroit où j’ai habité pendant le plus longtemps dans ma vie. Alors il m’a semblé évident d’écrire depuis ici, c’est-à-dire d’écrire avec ma connaissance de la ville et mon goût pour celle-ci. Je crois que c’est important d’écrire depuis quelque part : un livre n’est pas quelque chose d’immatériel ni de détaché. Il est écrit quelque part, par quelqu’un, à destination de personnes que celui ou celle qui écrit ne connaîtra a priori pas. Je crois qu’on écrit à partir de ce qui nous relie à un lieu, à une histoire, à des personnes.

Il y a une volonté de donner de l'épaisseur à l'histoire de Montreuil, de donner à lire les cernes de croissance de ce territoire, pourquoi cette démarche ?

Je suis né en Auvergne où tout est pétri d’Histoire : qu’il s’agisse des châteaux ou des fermes, des calvaires dressés au bord des routes, des pics volcaniques, tout ici montre son existence chargée de siècles voire de millénaires. Ici, à Montreuil, tout pourrait paraître récent ; on pourrait croire, dans un premier temps, que l’histoire ici n’est que moderne (disons depuis le 18ème siècle, avec un fort développement au cours du 19ème et 20ème, avec l’essor de l’industrie et son besoin de main d’œuvre.)

On a parfois l’impression que notre lieu (et là, j’aurais envie d’étendre à toute la Seine-Saint-Denis, voire à la banlieue de Paris dans son ensemble) est un lieu à sauver, au présent, de multiples périls. Il me semble important de rendre à nos territoires de vie une présence historique ; il me semble important de rappeler à celles et ceux qui vivent là depuis longtemps qu’ils sont les acteurs d’une histoire riche tout comme il est important de savoir accueillir les nouveaux et les nouvelles venues dans une histoire accueillante où tout le monde à sa place, au lieu de laisser croire qu’il s’agit ici de lieux abandonnés ou perdus.

Donner aux citoyennes, aux citoyens une place et une importance dans le lieu où ils vivent et qui vit grâce à eux participe, je crois, à la mise en place d’un cercle vertueux. On ne gagne rien en dénigrant ou humiliant un lieu et les gens qui y vivent, qu’il s’agisse de vouloir le « nettoyer au kärcher » ou de supputer qu’il s’agit là d’un « territoire perdu pour la République. »

Usufruit est votre premier roman, qu'est ce qui vous pousse à écrire ?

Assez tôt dans ma vie, j’ai lu. La lecture propose une expérience, aussi bien en nous proposant de suivre un récit mais aussi dans la manière dont le langage tente, dans un livre, de dire le monde, d’en dire quelque chose. Cette expérience affute ou développe ma raison sensible ; quelque chose qui n’est pas du savoir – même si il y a aussi du savoir qui passe à travers la littérature – ni surtout quelque chose qui est du divertissement : la lecture est un plaisir, une joie mais qui devrait ne pas être au service du détournement d’attention. On trouve dans la lecture quelque chose qui nous propose de sortir un peu de soi – avec la possibilité de se transformer un peu, d’être un peu plus conscient d’être ce que l’on est.

Beaucoup de livres, de romans, de poèmes, d’essais m’ont permis de remettre mon être en jeu, pas dans le sens d’une perdition ou d’une contrition mais au contraire, dans une construction joyeuse. Je serais honoré que mon livre, mes livres à venir, puissent proposer cela à des lecteurs, des lectrices.

Quels sont vos "bons plans" à Montreuil ?

Un endroit que j’aime énormément (et dont je crois qu’il mériterait mieux que ce qu’il a à l’heure actuel) sont les Mûrs à pêche. Les parcs montreuillois, trop rares dans cette ville en perpétuelle construction, sont aussi des lieux importants pour moi. 

J’ai une immense affection pour un terrain, proche de chez moi, le Terrain d’Aventure – ouvert il y a plus de trente ans, sur une parcelle dont la mairie ne savait pas trop quoi faire (trop petit et engoncé pour y construire), laissé aux bons soins des habitantes et habitants du quartier, voilà plus de trente ans que nous voyons ici cohabiter des usages : graff, sport, apprentissage du vélo ou de la marche pour les enfants, danse, musique... C’est un lieu dont nous aimons à croire qu’il forcit la vie citoyenne.

Avec la pandémie et les deux années sous cloche que nous avons connues, j’ai la sensation que tout est à reconstruire, toutes nos relations à re-tisser. Depuis que j’y vis, Montreuil a toujours su accueillir des lieux, parfois éphémères mais toujours généreux. C’était la Guillotine, qui est devenu Les Pianos ; c’était le Chinois (dont je ne sais pas s’il ré-ouvrira un jour). Ce sont les bars de mon quartier, dont je ne sais pas la valeur touristique mais dont je sais ce que notre vie de quartier leur doit.

Usufruit, de Nicolas Combet, P.O.L, 208 p., 18 €
à retrouver dans toutes les bonnes librairies

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Mercredi 02 mars 2022 - 09:05

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