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Les jardins familiaux aujourd'hui en Seine-Saint-Denis


Saint-Denis : les jardins du fort de l’Est

Les glacis du fort de l’Est, à Saint-Denis, sont toujours couverts de jardinets. Les terrains sont toujours la propriété du Génie militaire mais la Ligue du coin de terre est la propriétaire exclusive du bail de location. Elle sous-loue des parcelles d’environ 200 m2 à des particuliers qui peuvent en obtenir deux, soit 400 m². Comme au moment de leur création, aucun jardin en friche n’est toléré et chaque locataire de parcelle est responsable de la sécurité sur son terrain mais également sur l’ensemble des terrains. Si le visiteur ne montre pas "patte blanche", il peut être éjecté manu militari par les jardiniers présents.

Les terrains du fort de l’Est sont exploités depuis 1922 et un jardinier de la première heure nous a expliqué que "le fossé était plein d’eau, complètement marécageux, avec des joncs plus grands que moi". Les locataires des parcelles ont creusé eux-mêmes des puisards pour assécher et, ici ou là, se dressent encore des pompes à bras d’origine, désuètes, parfois repeintes à neuf, quelquefois rouillées et complètement branlantes. Les concessionnaires sont conscients que, s’ils ne respectent pas les règles et les usages, ils encourent le risque d’être expulsés du jour au lendemain et sans aucune indemnité, la redevance étant considérée comme une cotisation et non un loyer. Aujourd’hui, 103 jardins sont cultivés sur le glacis et dans les fossés du fort de l’Est. L’été, les roses répandent leur odeur au-dessus des salades tandis que, l’hiver, à côté des chrysanthèmes, des choux énormes s’épanouissent, arrogants, face à la cité des 4000 logements.

Les jardins du fort de Pantin

L’Association des jardins familiaux de Pantin-Aubervilliers ne dispose plus, aujourd’hui, que de 182 jardins dont l’administration a été confiée très récemment à la Ligue Française du Coin de Terre et du Foyer. Situés au carrefour d’Aubervilliers, Bobigny et Pantin, le fort, les parcelles des jardins ouvriers et leurs cabanes constituent depuis plus de 70 ans un type d'espace vert original au c½ur d'une zone urbaine particulièrement dense. Il jouxte la cité des Courtillières réalisée dans les années 1950 sur les plans de l’architecte Emile Aillaud. Ce face-à-face propose depuis plus d’un demi-siècle un contraste qui met en relief la spécificité de ces deux espaces en composant un paysage unique. De plus, la tour de l'ancienne imprimerie du journal de l'Illustration et son horloge qui surplombe le serpentin d'Aillaud concourt à la singularité du lieu. Le triple patrimoine (agricole, industriel et architectural) dont ce quartier est porteur offre un précieux témoignage de l'histoire de cette banlieue et de ses habitants. Le fort est aujourd’hui un territoire convoité. Des projets de réaménagement sont en cours, au sein desquels les jardins sont l'objet d'enjeux à la fois économiques, sociaux et environnementaux.

La Société des Jardins ouvriers des Vertus

Quant à la Société des Jardins ouvriers des Vertus qui, en 1963, occupait plus de 62 000 m2, après avoir subi, au fil des ans, des amputations successives de parcelles de terrains, elle assure aujourd’hui l’administration de 84 parcelles sur 26 000 mètres carrés gérés par l'Agence Foncière et Technique de la Région Parisienne. Depuis 1973, c’est l’Agence Foncière Technique de la Région Parisienne (AFTRP) qui gère l’ensemble de ces terrains appartenant à l’Etat. L'association est composée de 84 adhérents jardiniers locataires chacun d’une parcelle dont la superficie varie de 170 m² à 500 m². En fait, l'association concerne environ quatre fois plus de personnes que d’adhérents car les parents, amis, voisins, collègues de travail, sont souvent présents au jardin pour aider, partager les récoltes de légumes ou de fruits, passer un moment de détente, bavarder, boire l’apéro !

Chaque début d'année, en fonction de la liste d'attente, de nouveaux jardiniers intègrent l'association lorsque des parcelles sont libérées. Il faut attendre parfois 2 ou 3 ans pour obtenir un jardin. Pendant la première année, les nouveaux jardiniers sont parrainés par un jardinier plus ancien. Selon la plaquette réalisée par le Service du patrimoine culturel du Conseil général de la Seine-Saint-Denis sur les jardins ouvriers, en 2008 (plaquette n°30), trois « vertueux sociétaires » sur quatre habitent Aubervilliers ou Pantin, les autres proviennent des communes limitrophes. 80% d’entres eux appartiennent aux classes populaires. Ils sont ou étaient ouvriers ou employés. Pour une petite moitié d’entre eux ils sont encore en activité. Les femmes représentent 15% de l’ensemble des sociétaires et sont de plus en plus nombreuses.

Aux 84 parcelles individuelles s'ajoute une parcelle collective sur laquelle se trouvent le bureau de l'association, une pelouse permettant d'installer des tables et des chaises pour des événements spécifiques et un petit terrain de boules aménagé par les jardiniers. L'entretien de ces parties communes est effectué bénévolement par les membres de l’association. Six points d’eau, répartis sur l’ensemble du territoire, sont utilisés par les jardiniers lorsqu’ils ont épuisé leurs réserves personnelles d’eau de pluie. C’est la municipalité d’Aubervilliers qui prend en charge le coût de l’eau, un mode de subvention « en nature » très apprécié par les jardiniers.

Plus d’un millier de jardins aujourd’hui en Seine-Saint-Denis

À partir des années 1950, le nombre des jardins ouvriers baisse du fait de l’urbanisation galopante mais aussi à cause de la société de consommation qui se met en place. La Ligue Française du Coin de Terre et du Foyer entame alors une action de sensibilisation des pouvoirs publics. En 1952, l’appellation de « jardins familiaux » est officiellement adoptée et, en 1976, une loi prévoit le remplacement des jardins promis à disparition du fait des expropriations. La préparation de la Loi Paysage de 1993 permet également de réaffirmer la place des jardins familiaux dans la politique de l'environnement. Désormais, ces jardins en milieu urbain sont considérés comme des éléments à part entière dans les politiques de la ville, d'urbanisme et d'environnement.

Plus d’un millier de parcelles sont actuellement cultivées en jardins familiaux en Seine-Saint-Denis. Les terrains les plus importants étant ceux de Pantin, avec ses 182 jardins avenue des Courtillières et ceux  du fort de l'Est, à Saint-Denis, avec ses 103 jardins. Saint-Denis possède également 34 jardins à la Fosse Sablonnière, 24 au Cornillon et 37 parcelles rue Emile Zola. Romainville offre 31 jardins avenue du Dr Vaillant. Il existe 80 jardins au parc national forestier de Sevran. À Dugny, 57 jardins sont cultivés à La Moree et 17 à l’Ermitage, avenue Ambroise Croizat, tandis qu’à Bondy 16 jardins sont réservés aux locataires de la SEMIDEP 25 avenue Jean Moulin et à Bobigny 17 jardins sont réservés aux locataires de France Habitation 55-63 rue de la République. Enfin, Tremblay en France possède 12 jardins Rue du Cimetière.

Stains accueille 15 hectares de jardins familiaux. Sur six secteurs de tailles différentes, ils sont actuellement 664 à cultiver des parcelles qui varient de 200 à 600 mètres carrés et payent chaque année 46 euros pour les plus petits lopins et 120 pour les plus grands, peut-on lire dans un article de Médiapart du 2 juin 2013. « Partout, des hommes et des femmes qui binent, désherbent ou cueillent, courbés vers la terre. Une terre qu’ils arrosent avec précaution en puisant dans des conteneurs qui recueillent la pluie qui tombe sur le toit des cabanes de jardin. [« Pas d’eau courante, explique le responsable des lieux, trop de gens viendrait laver leurs voitures avec ] » explique l’auteur de l’article.

Les jardins ouvriers ont-ils un avenir ?

Comme les pionniers de la première heure, les jardiniers adhérant à la Fédération nationale des jardins familiaux et collectifs s'engagent à entretenir et à cultiver la totalité de leur parcelle en toute saison, à participer aux travaux collectifs, à respecter le règlement intérieur indispensable dans toute vie associative, à appliquer les principes de base des jardins familiaux : convivialité et courtoisie, solidarité et entraide, respect des autres et de l'environnement.

Des fêtes sont toujours organisées aux beaux jours et de nombreux jardins familiaux participent aux concours des jardins fleuris. Sur certains sites, des parcelles pédagogiques sont créées. Animées par les écoles ou les centres aérés, elles sont placées sous leur responsabilité. Des jardins associatifs et de réinsertion ainsi que des parcelles réservées à des hôpitaux de jour et des ESAT peuvent également être créés sur des sites facilement accessibles. Enfin, aux beaux jours, des visites sont organisées par les différentes associations de la Seine-Saint-Denis. Palliatif à la vie chère ou charme de la culture horticole, les jardins familiaux ont encore un bel avenir !


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