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Entretien avec Jocelyne Riou sur Bagnolet


  • Les mercuriales de nuit - Porte de Bagnolet

Dans le cadre de l’Université populaire d’Est ensemble et de son premier cycle consacré aux grandes infrastructures de transport qui ont marqué le paysage et le développement de ce territoire, une balade a été proposée autour de l’Échangeur de Bagnolet, sorti de terre en 1969 pour relier l’A3 au périphérique.

Cette balade Histoire et perspective autour de l’échangeur de Bagnolet était guidée par Jocelyne Riou, ancienne élue municipale et régionale, native de Bagnolet.

À la suite de cette balade, Sonia Leveau, étudiante en Master Patrimoine et Musées à l’Université Paris I, s’est entretenue avec Jocelyne Riou, sur son parcours, l’histoire de Bagnolet et de son échangeur. Ci-dessous l’entretien mené avec Jocelyne Riou, qui est, par ailleurs, membre de l’Université populaire de Bagnolet.

Pouvez-vous nous retracer votre parcours, à la fois en tant que native, habitante et élue de Bagnolet ?

Née en 1943 dans une famille ouvrière, d’un père plombier-couvreur et d'une mère au foyer, j’ai grandi avec mes frères et s½urs, au 260 rue Étienne Marcel, dans une chambre d’hôtel, un meublé, au lendemain de la Guerre. Mon enfance comme le fait d'avoir vécu toutes les transformations de ma ville m'a conduit à avoir un regard particulièrement critique sur les politiques d'urbanisme dite "du Zonage" des années 1960. C’est en effet à cette époque que les villes se sont organisées en zones : des quartiers liés à l’emploi, d’autres à l’habitat et enfin un quartier pour les loisirs. À mon avis cela a induit une ségrégation spatiale et sociale, en témoigne les différences entre l’est et ouest de Paris.  

Que constatons-nous aujourd’hui ? À l’ouest comme à l’est des barres et des tours ont été construites mais elles accueillent dans un cas les cadres et salariés du quartier des affaires et dans l’autre, les salariés de l’industrie devenus chômeurs pour beaucoup d’entre eux. Ce qui me conforte dans l’idée qu’il ne peut y avoir de mixité sociale des quartiers sans mixité fonctionnelle. Sans être passéiste je constate que c’est la présence d’entreprises, de la menuiserie, de la métallurgie, de l’artisanat dans le quartier populaire de mon enfance où l’habitat était étroitement lié à l’entreprise, qui lui assurait une mixité sociale. J'ajoute, pour l’avoir vécu, que l’on ne se construit pas de la même façon lorsque l’on côtoie le monde du travail et quand on ne le côtoie pas. Chaque jour je voyais ce que les ouvriers réalisaient et avec émerveillement j’en tirais la conclusion que sans les ouvriers de telles richesses ne seraient pas créées. Alors oui, malgré les difficultés de vie j’étais fière d’avoir un père ouvrier. Qu’en est-il de tout cela aujourd’hui ?  

J’ai passé le concours d’entrée au cours complémentaire commercial, puis mon brevet commercial en poche je quitte l’école à 16 ans pour entrer au Crédit Lyonnais où je ne suis restée que quelques mois. En effet, la mairie de Bagnolet recrutait pour son service comptabilité, j’ai postulé, passé un examen interne et changé d’employeur. J’y suis restée un peu plus de 4 ans partant vers d’autres horizons à la direction d’une association pour enfants où j’étais monitrice depuis l’âge de 17 ans.

Je suis fière de mes racines ouvrières, j’ai grandi dans un milieu qui s’engageait pour l’émancipation humaine, pour la défense de la paix et contre l’injustice. Une part de ces combats est liée à mon enfance.

La ville de Bagnolet était communiste depuis 1928. Les élus se préoccupaient beaucoup de la population : aides dans le domaine social, celui de la santé, un dispensaire ouvre en 1932, organisation des centres de loisirs. Un centre de vacances est  acheté en 1932 à l’Ile d’Oléron. Un site de 10 ha, dont la Ville est encore propriétaire aujourd’hui. Avec mes frères et s½urs nous y partions tous les ans pour un séjour qui durait toutes les vacances scolaires.

En 1959, j’ai adhéré au Parti communiste, parce que je pensais qu’il fallait absolument participer à l’émancipation humaine et ne pas accepter l’ordre établi.

1959 c’est aussi l’année où Jacqueline Chonavel, devient la première et seule femme maire d’une ville de plus de 25 000 habitants. C’est elle qui m’a incitée à m’engager comme élue et m’a proposé le poste de maire adjointe à l’enseignement et à l’enfance. Il y avait alors  en 1971 49 % de femmes au conseil municipal. J’aurais ensuite pendant 10 ans la délégation à l’urbanisme.

En 1976, avec la mise en place des Régions, j’ai été élue dans le collège des Maires, en tant que conseillère régionale d’Ile-de-France. J’y ai longtemps siégé à la commission culture, sport et loisirs et en 1998 je deviens Vice-Présidente en charge de l’aménagement du territoire, des villes nouvelles et de la coopération  interrégionale.

J’ai occupé ces fonctions avec passion, pour les habitants. Avec tout ce que j’avais reçu de cette ville étant enfant, il me semblait important que je sois en mesure de le rendre aux autres, de l’apporter aux générations futures, en un mot, de continuer le chemin qui avait été tracé. J’ai eu une vie riche. 

Probablement marquée par l’histoire de mon enfance, rien ne m’insupporte plus encore aujourd’hui que d’entendre dire que « les HLM sont des cages à lapins » quand tant d’hommes et de femmes sont en attente d’un logement décent. Je connais trop, pour les avoir vécues, les conséquences du mal logement sur les êtres humains, et si par exemple la tuberculose et les autres maladies ont reculé, c’est certes grâce aux vaccins mais aussi grâce à l’évolution de l’habitat. Le mal logement ou le manque de logement ne sont-ils pas aujourd’hui à l’origine de la recrudescence de ces maladies ?

L’engagement que j’ai pris dans la ville, pour cette ville  prouve, si besoin en était, mon attachement à Bagnolet.

Sur le même thème : l'histoire du logement social

Pouvez-vous nous apporter un témoignage en tant qu’habitante et élue de Bagnolet sur le chantier de l’échangeur, et son impact sur la ville et sur ses habitants ?

Je n’étais encore qu’une adolescente quand, dans les années 1950 avec le développement de la voiture, est apparu le projet de construction de l’autoroute A3, voie qui devait permettre à 50.000 véhicules jour – nous en sommes aujourd’hui a plus de 200.000 – de relier le nord de la France à Paris. Le projet présenté aux élus  coupait la ville en deux. Leur première action fut d’agir pour l’empêcher. C’est ainsi que l’idée de l’échangeur vu le jour.

Il fallait ensuite prendre la mesure de l’impact sur la ville d’une telle réalisation : des dizaines d’entreprises, de commerces, des dizaines et des dizaines de logements, de pavillons allaient disparaître modifiant en profondeur 3 quartiers de la ville : Centre Sud, les Malassis et la Noue. Sans oublier la démolition de la poste et du centre de Santé.

C’est à toutes ces questions qu’il fallait répondre : prendre en compte les besoins et aspirations de chacun et en particulier obtenir le droit au relogement et à l’indemnisation pour les personnes qui avaient construit  leurs baraques en bois sur terrain d’autrui ; répondre également à la demande de toutes celles et tous ceux qui souhaitaient rester à Bagnolet et qu’il fallait reloger soit en H.L.M, soit en accession à la propriété. Cela a accéléré la construction de logements sociaux aux Malassis et à Centre sud et la réalisation d’opérations d’accession à la propriété dont la première verra le jour dans les rues Sadi Carnot et Pierre et Marie Curie dans les années 60.

Un nouveau centre de Santé est complètement repensé sous l’impulsion du Médecin directeur et de l’équipe médicale et administrative. Il accueille aujourd’hui plus du tiers de la population. Son utilité aujourd’hui n’est plus à démontrer surtout au moment où les médecins libéraux qui prennent leur retraite ne sont plus remplacés. Sans oublier la création de grandes enseignes commerciales.

La réalisation de l’autoroute A3 est un tournant considérable dans l’histoire de la ville, même si Bagnolet s’était déjà transformée avec la construction des logements sociaux aux Malassis, qui a fait disparaître la partie horticole de Bagnolet.

Incontestablement la construction de l’autoroute a changé la nature de la ville, et ses alentours. C’est ainsi pour ne prendre qu’un seul exemple que le nombre de salariés est passé de 8.000 à 16.000. Bagnolet compte alors plus de salariés que d’actifs habitant la ville. Bagnolet devient le carrefour de l’est parisien.

Parlez-nous de la création d’un complexe d’échanges à Bagnolet.

Parallèlement aux travaux de l’autoroute A3, les élus obtiennent le prolongement de la ligne 3 du métro, une vieille revendication datant de 1928. Un parking d’intérêt régional – le PIR – est créé dont l’objectif annoncé était d’y permettre le stationnement des voitures venant du nord de la France et ainsi éviter leur entrée dans Paris. Malheureusement comme ce parking n’était pas gratuit, les automobilistes ont poursuivi leur chemin sans utiliser le métro et ce parking au fil du temps a été pratiquement désaffecté jusqu’à la création de « Bel Est ». Aujourd’hui, au regard des niveaux de pollution il me semble qu’il serait utile de remettre cette idée à l’ordre du jour en se donnant les moyens de la réaliser.

L’autoroute a ouvert le 1er décembre 1969. Le métro a été inauguré en mars 1971. 3 mois après en juin 1971, à la suite de violents orages il était inondé. Depuis tout est rentré dans l’ordre. Comme le Palais des Sports  se situait à l’Ouest de Paris, les élus pensaient réaliser sur la dalle du parking de l’échangeur, une patinoire régionale. Un tel équipement ne pouvait relever de la seule initiative municipale. L’État n’a pas accepté de participer au financement. Le projet a échoué et pendant plus de 20 ans cet espace comme celui de la sortie du métro étaient un vrai « No man’s land  ».

Pourtant les projets n’ont pas manqué en particulier celui annoncé par François Mitterrand Président de la République, dès le début de son septennat. Parmi ses grands projets, figurait la réalisation sur la dalle de l’échangeur de Bagnolet d’une salle de Rock pour la jeunesse. Un concours est lancé auquel participent 10 architectes dont Serge Lana le concepteur de l’échangeur. 3 architectes seront retenus pour le second tour : Claude Vasconi (architecte de la Tour TDF), Nicole Eleb-Harlé, qui réside à Bagnolet et M. Bouchez. Claude Vasconi remporte le concours avec un magnifique projet qui marquait un signal fort vers l’entrée dans Paris. Ce projet sera le seul des grands projets présidentiels qui ne sera pas réalisé parce que jugé trop onéreux. À la place 10 « Zénith » verront le jour à travers la France.

L'arrivée de l’autoroute à Bagnolet

Dès l’été qui a suivi l’inauguration de l’autoroute les nuisances apparaissent. Il ne faudra pas longtemps pour que les riverains expriment leur mécontentement. Dès lors les actions vont se multiplier pour obtenir des protections phoniques. Pendant plusieurs années, l’Etat a nié sa responsabilité sur la nuisance occasionnée. Or, il y a une règle stricte : celui qui provoque la nuisance doit réparation à celui qui la subit et il s’avère que  la décision de création de l’autoroute est postérieure au projet d’opération d’urbanisme de la ville.

Les habitants décident alors d’accrocher des banderoles en haut des bâtiments « À Bagnolet comme à Neuilly nous voulons pouvoir dormir » visibles par tous les automobilistes. Différentes pétitions et actions sont menées auprès du Ministère des Transports. Les riverains obtiennent gain de cause… du moins le pensaient-il. L’Etat reconnait sa responsabilité et réalise le double vitrage des tous les logements qui bordent l’autoroute.

La population était ravie, sauf que dès l’été suivant, le problème s’est à nouveau posé : les habitants  subissent les nuisances dès qu’ils ouvrent leurs fenêtres. C’est alors qu’ils décident de créer l’association pour la couverture de l’autoroute A3 – l’ACA3 – à laquelle j’adhère. En 1992, les écologistes entrent au conseil régional et proposent leurs projets : mettre des murs anti-bruit, le long des voies autoroutières.

En 1993, je découvre que la ville de Bagnolet est au nombre des villes inscrites au projet de budget pour la réalisation de murs anti bruit, ce que les riverains n’ont jamais demandé. La direction départementale de l’Equipement avait été mandatée pour en réaliser le projet. Sa présentation aux riverains entraine une grande contestation je dirais même de la colère. Je propose alors au Maire Daniel Mongeau d’organiser avec l’aide de l’association un référendum auquel tous les riverains participent.

La D.D.E. nous a été d’une aide précieuse, elle a mis à la disposition des habitants, logement par logement, étage par étage le niveau de décibel avant et après la réalisation du mur. En dehors du RDC, le mur ne couvrait pas le bruit.

Référendum sur le mur anti-bruit

2 bulletins sont mis à disposition des locataires : 1- « J’accepte le mur anti bruit » 2 - « je refuse le mur anti bruit mais j’exige le lancement d’une étude pour la couverture de l’A3 ».

Le résultat est sans appel 92 % se prononcent contre le mur antibruit. Michel Giraud en prend acte et retire le projet de mur antibruit et après plusieurs délégations, accepte de financer 50% d’une étude de couverture,  demandant à la ville de payer les autres 50%. Avec les riverains  nous refusons lui  rappelant la loi, « celui qui provoque la nuisance, doit porter réparation ».

En 1997, la gauche gagne les élections législatives. Dès le mois d’Août, le Ministre des Transports donne son accord pour le lancement d’une  étude de couverture de l’ouvrage. La D.D.E. se met au travail.

3 hypothèses sont présentées aux riverains :

1- semi - couverture, 2 - couverture totale sur 600m dont le coût est évidemment le plus élevé , 3 - une partie - 250m - en demi-couverture suivie de 300 m d’une couverture complète ainsi que l’élargissement du pont Charles Delescluze. C’est cette dernière hypothèse que les riverains choisissent.

En 1998, la Gauche gagne les élections régionales. Je deviens vice-présidente du Conseil Régional, en charge de l’aménagement du territoire. À ce titre en 1999,  je participe avec Jean-Paul Huchon à toutes les réunions du contrat de plan État-Région. Le projet est prêt et j’obtiens l’inscription de la couverture de l’autoroute qui sera inaugurée en 2007.

Sans la mobilisation des habitants que j’ai portée d’année en année au Conseil Régional, cette couverture n’aurait jamais été obtenue. C’est donc à ces hommes et à ces femmes qu’il convient de rendre hommage.

Le centre commercial Bel-Est et Eurolines

En 1994, c’est l’ouverture du centre commercial Bel - Est qui bénéficie d’un bel environnement bien meilleur que celui de la porte de Montreuil, éloigné du métro. À Bagnolet, on accède au centre commercial depuis le métro, le bus, l’autoroute et le périphérique. Ce sont les promoteurs qui ont souhaité cet accès. Or les terrains depuis le périphérique appartiennent à  la ville de Paris. Celle-ci donne son accord à condition que les gares routières situées porte de Charenton et entre la porte de la Villette et porte de la Chapelle, quittent Paris, pour Bagnolet.

C’est ainsi que l’entreprise Eurolines s’est installée à Bagnolet tout en transférant quelques années plus tard son siège social à la Défense. Au fil des années le nombre d’autocars n’a cessé de croitre, situation qui s’est aggravée avec l’entrée en vigueur de la « loi Macron ». Il n’est pas exagéré de dire qu’aujourd’hui le centre de Bagnolet est envahi par les autocars aggravant la pollution déjà particulièrement élevée autour de l’échangeur, sans parler de la  pollution visuelle. Cela ouvre le débat sur la question de la santé et de l’environnement. De mon point de vue, le déplacement de la gare routière se pose vers une localisation plus éloignée en connexion bien sûr  avec un moyen de transport en commun.

Le chauffage urbain de Bagnolet

Bagnolet a été « écologique » avant bien d’autres villes. En 1962, un réseau de chaleur est créé. Aussi lors de la réalisation de l’échangeur et de la construction de nombreuses infrastructures, la ville oblige tous les promoteurs à se raccorder au chauffage urbain faisant de notre réseau un des plus importants de la région parisienne.

Au début des années 80, devant la flambée du prix du fioul, la ville décide de passer au charbon de Lorraine. Une nouvelle chaudière adaptée à ce charbon est mise en place. Un contrat est signé avec Charbonnages de France pour 20 ans (1985-2005). Charbonnages de France prenait l’engagement de nous fournir un charbon toujours moins cher que le fioul. Nous obtenions donc une garanti de décote. Quelques années après, une chaudière électrique est mise en place pour fournir l’eau chaude ce qui permettait d’arrêter la chaudière charbon pendant les mois d’été. Au début des années 2000 avec la fermeture annoncée des mines de Lorraine, la ville décide d’engager la réflexion pour changer de combustible en utilisant une énergie renouvelable. C’est chose faite depuis 2014 la chaufferie utilise 55% d’énergie renouvelable bénéficiant ainsi d’une T.V.A. à 5,5%.

Dynamisme de la ville

Bagnolet est une ville dynamique. Développement économique, construction de logements, mais aussi constructions d’équipements scolaires, d’équipements sportifs, développement des activités culturelles : créations de bibliothèques de quartier aujourd’hui remplacées par la Médiathèque. C’est aussi dès les années  60 l’organisation du Concours chorégraphique international de Bagnolet : « Le Ballet pour demain » devenu aujourd’hui « Les rencontres chorégraphiques de la Seine Saint Denis ». Nous y avons accueilli les plus grands chorégraphes dont beaucoup d’entre eux ont gagné ce concours. C’était aussi la période du 1% culturel qui a trouvé sa traduction dans tous les équipements réalisés. Il y avait beaucoup de spectacles, et de débats sur la culture. Nous avons été la première ville à réaliser des ateliers d’artistes dans les logements sociaux.

Cette année nous allons fêter les 40 ans du cinéma de Bagnolet Le Cin'Hoche, Cinéma public créé par la municipalité en 1977, au moment où tous les cinémas privés fermaient leurs portes.

Vous comprendrez après tout cela pourquoi je suis tant attachée à la ville qui m’a vue naître et je n’ai jamais voulu quitter.

L'Université populaire de Bagnolet : Jocelyne Riou est membre de l'association "L'Université populaire de Bagnolet", fondée en 2014. Cette association propose des conférences, ateliers et débats, gratuits (sauf exception) et à la portée de tous, organisés en cycle thématique. Pour suivre la programmation de l'Université de Bagnolet.

À lire aussi : Interview du réalisateur du film Les Mercuriales.

Lundi 06 mars 2017 - 16:21

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