Découvrez cette balade à Saint-Ouen proposée, écrite et illustrée par les Cultiveuses.
À deux pas du centre de Paris, la petite ville de Saint-Ouen (qui compte tout de même à elle seule plus de 50 000 habitants) renferme bien des joyaux. Ville à l’histoire passionnante, nous vous invitons à vous y rendre en balade.
Traversez des siècles d’histoire, du Moyen-Âge à nos jours, depuis le Marché aux Puces jusqu’à l’incroyable Tour Pleyel, en passant par la patinoire signée Paul Chemetov ou encore le Château de Saint-Ouen. La Tour Pleyel est à Saint-Denis dites-vous ? Eh oui, on vous fait faire un petit détour par cette ville à l’histoire tout aussi passionnante en fin de visite.
Vous êtes parés pour le départ ? Les Cultiveuses vous emmènent en balade. En route !
Et c’est parti pour une balade urbaine dans les quartiers de Saint-Ouen ! Vous débutez cette balade dans un premier quartier, et pas n’importe lequel : un quartier historique, celui des Puces.
Pour accéder au Marché aux Puces, dirigez-vous vers les entrées situées rue des Rosiers : vous en trouverez une au sud de la station de métro Garibaldi (ligne 13) et une autre au nord de la station Porte de Clignancourt, si vous êtes venus avec la ligne 4. Alors ? Bien arrivés à destination ? On vous attend déjà pour vous donner quelques informations sur ce lieu incroyable.
Le Marché aux Puces en quelques chiffres : c’est près de 5 millions de visiteurs par an, environ 2 000 marchands répartis sur 11 marchés et 7 hectares de surface. Comme vous pouvez le constater, les Puces sont n°1. Eh oui vous l’aurez compris, c’est le plus grand marché d’antiquités au monde ! Au 19e siècle, les ferrailleurs et marchands en tout genre se réunissaient en dehors des murs de Paris, dans un espace qui échappait à toute fiscalité, et ce lieu était les futures Puces de Saint-Ouen. Héritage datant du Moyen-Âge, les marchands étaient taxés sur tous les produits qu’ils vendaient à l’intérieur des murs de la ville.
Si vous vous rendiez à l’extérieur, du côté de Saint-Ouen, vous pouviez trouver des métiers quelque peu atypiques : réveilleurs, ramasseurs de crottes de chiens ou encore de mégots. Lieu dans lequel on luttait autrefois contre la pauvreté parisienne grandissante en vendant des ordures, on y trouve aujourd’hui des antiquités et des galeries d’art. N'hésitez pas à vous consulter les pages pratiques pour savoir comment accéder aux puces de Saint-Ouen Clignancourt.
Après avoir emprunté la même sortie que par laquelle vous êtes entrés, c’est-à-dire l’une de celles de la rue des Rosiers, tournez à gauche et continuez sur cette même rue pendant 5 bonnes minutes, jusqu’à arriver sur la rue Charles Garnier, petite rue perpendiculaire à droite de la rue des Rosiers. Au 1 rue Charles Garnier, vous tombez nez-à-nez avec un bâtiment industriel circulaire sur sa façade principale : Mains d’Œuvres.
Mains d’Œuvres, c’est un espace de 4 000 m², anciennement centre social et sportif de l’entreprise Valéo, fabricant de pièces automobiles. Comme bon nombre de bâtiments industriels, Mains d’œuvres est réhabilité en lieu culturel dans les années 1970. Patrimoine industriel et technique de Saint-Ouen, le bâtiment appartient aujourd’hui à la ville. Il vous est possible de vous y rendre pour assister à des concerts, des expos, des conférences ou encore tout simplement prendre un café, quand tout cela sera bien entendu de nouveau possible (et on a déjà très hâte !)
Chers randonneurs, vous poursuivez votre route en descendant le reste de la rue des Rosiers ! Ouvrez bien l’œil et observez les magnifiques façades de la rue des Rosiers. En briques, en pierres, en ciment, en béton armé, de la fin du 19e siècle à nos jours, il y en a pour tous les goûts. Rapprochez-vous de certaines d’entre elles et vous observerez peut-être quelques signatures à proximité des grandes portes d’entrée. L’entrepreneur L. Gaudier ou encore l’architecte J. Jacques Muscat. Si vous ne l’avez pas encore fait, dégainez votre appareil photos et connectez-vous sur l'application (En)quête de patrimoine depuis votre smartphone. Vous aimez Space Invaders ? Alors vous aimerez (En)quête de patrimoine. Le but ? Capturer toutes les signatures de celles et ceux qui ont bâti le Grand Paris !
Mais qu’est-ce qu’une signature ? On vous en dit plus.
Après avoir marché une petite dizaine de minutes, sur votre droite, en tournant dans la rue Alexandre-Bachelet (2-4), vous pourrez observer l’Espace 1789 et ses grandes sculptures de femmes en béton armé, faisant penser à de grandes cariatides. Mais qu’est-ce qu’une cariatide ? Une cariatide est un élément architectural représenté sous les traits d’une femme venant maintenir un élément de la façade, remplaçant très souvent un pilastre ou une colonne. La cariatide existe depuis l’Antiquité où vous pouviez l’observer sur les temples gréco-romains sous la forme de grande statue de femme enveloppée dans une longue toge et donnant l’impression de maintenir toute la structure à la seule force de sa tête. Badass non ?
Pour en revenir à l’Espace 1789, il accueille toute l’année un grand nombre de performances artistiques : cinéma, arts visuels, du spectacle, vous y trouverez probablement ce que vous aimez, c’est même certain !
En poursuivant votre descente spectaculaire de la rue des Rosiers (promis, vous n’entendrez bientôt plus parler de cette rue), tournez à gauche sur le square Marmottan. Vous avez envie de faire une petite pause à l’ombre d’un arbre en fleurs ? C’est le bon moment, et en plus de ça, vous aurez vue sur le chevet (c’est-à-dire l'arrière) de la magnifique église Notre-Dame-du-Rosaire.
Édifiée entre 1898 et 1903 sur le lieu-dit de la Croix Blanche, cette église est synonyme de modernité. D’inspiration romane, sa technique de construction n’a pourtant rien d’ancienne. Béton armé, pierres de taille et meulière composent ce vaste édifice.
D’une hauteur de 57 mètres en prenant en compte son clocher, nous vous invitons à entrer à l’intérieur et à observer ses très jolis vitraux mettant en scène les mystères du rosaire, réalisés dans les années 1930 par Charles Champigneulle fils (1907-1955), maître verrier renommé dont certaines des œuvres sont conservées au Metropolitan Museum de New-York. Pour faire plus court, vous pouvez également vous rendre au Musée National de la Marine de Paris où sont également exposées quelques-unes d’entre elles, notamment la fresque réalisée pour le salon du paquebot Normandie. Actuellement en rénovation, le musée devrait rouvrir ses portes au printemps prochain, alors tenez-vous prêts !
Vous apercevez le restaurant Le Montmartre face à l’église Notre-Dame-du-Rosaire, à l’angle des Avenues Gabriel Péri et Louis Blanc ? Placez-vous face à ce magnifique immeuble à la parfaite symétrie et aux lignes droites déroutantes, parfait emblème de l’Art Déco. Ce style architectural est apparu dans l’Entre-deux-guerres, après l’Art Nouveau qui lui s’attardait sur les motifs végétaux et les courbes. Alors, plutôt Art Déco ou Art Nouveau ? Nous savons parfaitement que vous avez une préférence !
Traversez sur le trottoir du Montmartre, dépassez le restaurant en laissant l'arrêt de métro Gabriel Péri derrière vous et poursuivez votre route sur l’Avenue en direction de la Mairie de Saint-Ouen. Toujours tout droit ! On vous retrouve devant...
Édifié entre 1865 et 1868 par l’architecte Paul-Eugène Lequeux (1806-1873), l’hôtel de ville est un excellent témoin de l’architecture néo-classique. Pierres de taille, parfaite symétrie, grande sobriété dans le choix des couleurs comme dans celui des détails architecturaux avec ses pilastres, ses clés de linteaux rectilignes, sa corniche et son bandeau. Faisons rapidement un point vocabulaire architectural !
On peut dire que l’hôtel de ville de Saint-Ouen a tout du parfait petit monument néo-classique, comme l’un de ses voisins, puisqu’il n’est pas sans nous faire penser à l’hôtel de ville de Saint-Denis ! Aussi beau d’extérieur que d’intérieur, le bâtiment renferme de nombreuses peintures murales signées Paul Gervais (1859-1944), artiste peintre de l'Institut supérieur des arts de Toulouse, dont les scènes représentent des scènes de vie et surtout, des lieux majeurs de la ville comme son port, son bateau-lavoir ou son marché. Si vous êtes curieux, vous pouvez toujours essayer d’aller y faire un tour, qui ne tente rien n’a rien !
Regardez autour de vous et vous apercevrez le Centre administratif et social ainsi que l’ancien bâtiment monumental de la Banque de France. Vous ne voyez pas cet impressionnant bâtiment sur la Place de République ? C’est que vous ne regardez pas dans la bonne direction parce que vous ne pouvez pas le manquer ! Fait de briques orangées et de pierres de taille, il est placé face à l’hôtel de ville et présente une architecture tout à fait représentative des bâtiments financiers.
Saint-Ouen ne manque pas de joyaux à découvrir, et c’était sans compter sur la patinoire Paul Chemetov, bâtiment situé à gauche de l’ancienne succursale de la Banque de France !
Inaugurée le 25 octobre 1980 au 8 rue du Docteur-Bauer, la patinoire de Saint-Ouen est signée par l’architecte Paul Chemetov, connu pour la réhabilitation de l’Illustration, ancien journal situé à Bobigny, actuelle Université Paris-XIII. Elle a accueilli la Fédération française de hockey sur glace sur une piste de 56m x 26m. Réalisation entièrement faite de béton, ce bâtiment est connu, pas seulement parce qu’il abrite une patinoire et un parking souterrain sur plusieurs étages, mais surtout pour la complexité avec laquelle Paul Chemetov a dû et su jongler.
Les Jeux Olympiques d’hiver organisés à Grenoble en 1968 ont séduit le grand public et entraîné l’édification de nombreuses patinoires en France. En plus d’accueillir une immense piste de glace olympique, il est prévu d’y associer la construction d’un parking souterrain de 3 étages. Mais problème, en plus d’un coût beaucoup trop élevé, la surface du site est trop étroite pour accueillir la piste gigantesque et les gradins, ce à quoi Paul Chemetov répliqua en les plaçant en hauteur. Malin dites-vous ? Ce n’est pas tout !
Afin d’optimiser cet espace et de rendre accessible chacun des étages du bâtiment, 4 piliers de forme carrée et de 4 mètres de côtés ont été conçus par Paul Chemetov. Ils renferment non seulement les ascenseurs mais maintiennent également les 2 poutres métalliques que vous pouvez apercevoir au sommet de l’édifice. Vous les voyez ? Chacune de 90 mètres de longueur, elles sont la preuve de l’ingénierie technique impressionnante de Paul Chemetov, utilisant le poids d’énormes poutres métalliques et celui des escaliers venant s’appuyer dessus pour faire tenir sur pied cet impressionnant mastodonte de métal et de béton armé.
Après avoir longuement observé ce pan magnifique du patrimoine sportif séquano-dionysien, on vous invite à vous replacer face à l’hôtel de ville. Un dernier regard vers la place de la République et engagez-vous sur la rue Paulin Talabot, située à gauche de l'hôtel de ville. Continuez sur 500 mètres et vous arriverez face à l’une des entrées du Grand Parc.
Petit morceau de verdure en pleine ville, déambulez dans les allées du Grand Parc, entre jardins partagés et serres pédagogiques. Dirigez-vous vers l’est du parc, du côté de la rue Albert Dhalenne où se trouve le fameux château de Saint-Ouen. Même s’il n’en reste que très peu de choses aujourd’hui, vous ne pouvez pas manquer cette grande bâtisse du 18ème siècle à l’entrée principale du parc (et oui, vous n’êtes pas entrés par l’entrée principale mais c’est par cette entrée que vous allez ressortir, on aime bien vous faire marcher un peu, et ce, dans tous les sens du terme).
Le château est l’un des seuls vestiges de l’époque moderne visible à Saint-Ouen. D'abord propriété de la Marquise de Pompadour, de son nom Jeanne-Antoinette Poisson, connue pour avoir été la favorite du Roi Louis XV mais un peu moins pour avoir encouragé la publication de l’Encyclopédie de ses amis Diderot et d’Alembert, et pour avoir joué un rôle incontestable dans ledit siècle des Lumières. Par la suite ce sera au tour de Louis XVIII de devenir propriétaire des lieux.
Vous avez déjà entendu parler de la Déclaration de Saint-Ouen ? C’est en ces lieux que Louis XVIII signa ce document inédit dans lequel il reconnaît certaines des libertés du peuple, gagnées au moment de la Révolution Française et sous l’Empire. La Déclaration de Saint-Ouen proclame l’entrée des Français dans l’ère de la Restauration mais comme vous le savez, les Français n’ont pas fini de se rebeller !
On vous propose maintenant de marcher une petite vingtaine de minutes. Sortez du parc et descendez la rue Albert Dhalenne en direction de la Seine. N’hésitez pas à marcher jusqu’aux quais de Seine, le panorama et la fraîcheur y sont toujours bien agréables ! Comme on vous le disait, descendez la rue Albert Dhalenne vers la Seine et tournez à droite sur la rue de Saint-Denis. Vous l’aurez compris, on vous emmène faire un petit tour à Saint-Denis. Continuez tout droit sur un bon kilomètre où vous serez au calme et croiserez de nombreux petits pavillons ainsi que le collège Dora Maar, du nom de la grande artiste peintre et photographe française !
On vous arrête au 20 rue Ampère. Sur votre gauche, comment manquer la gigantesque Cité du Cinéma ? Impressionnante depuis l’extérieur, elle y est encore plus à l’intérieur. N’hésitez surtout pas à entrer dès que cela vous le sera permis.
La Seine-Saint-Denis est un véritable lieu de tournage. Du film français au film international comme Hunger Games : La Révolte Partie 2 tourné en partie à Noisy-le-Grand (2015), en passant par des films anciens comme beaucoup plus récents comme Les Misérables (2019) tourné à Montfermeil, cinéma historique ou de science-fiction, la Seine-Saint-Denis c’est un Hollywood sur Seine, et ça, le réalisateur Luc Besson, à l’initiative de cette magnifique cité, l’a bien compris.
C'est sur une ancienne centrale thermique EDF, repérée par Luc Besson, qu'est installée la fameuse Cité du cinéma. L'ancienne centrale a été mise en service en 1933 pour alimenter le métro parisien et a fermé dès 1981 à cause du déclin de la production. Inaugurée en 2012, la Cité du cinéma a accueilli sous sa nef de verre et d'acier de plus de 200 mètres de long de célèbres expositions : Star Wars, Harry Potter...
La Cité accueille aujourd'hui de nombreux studios de cinéma, des entreprises, des étudiants et des professionnels, véritable héritage d’une histoire cinématographique en Seine-Saint-Denis. Comment ne pas penser aux Studios Éclair, arrivés à Épinay-sur-Seine en 1907 et ayant fait la gloire de la ville dans l’Entre-deux-guerres et après la Seconde Guerre Mondiale, apogée du film muet et surtout du film parlant sur grand écran en France et dans l’Europe entière ? Vous l’aurez compris, le 7e Art est une affaire séquano-dionysienne !
Poursuivez votre route sur la rue Ampère puis tournez presque tout de suite à droite sur l’allée de Seine. Marchez sur environ 500 mètres et vous tomberez sur le boulevard Anatole France. Alors vous la voyez ?
Impressionns par la hauteur de ce squelette aux armatures métalliques ? Il faut dire qu’il y a de quoi ! Haute de 129 mètres, la tour Pleyel est la plus haute tour de Seine-Saint-Denis, si on ne compte pas les antennes des tours Mercuriales à Bagnolet ! Dingue vous dites ? Ce n’est pas le pire, ou le meilleur, à vous de choisir !
De son nom Pleyel pour la grande manufacture de pianos Pleyel, le propriétaire fait un choix ambitieux : celui de rivaliser avec le quartier d’affaire de La Défense. Bye Bye Pleyel et ses pianos, bonjour les projets monumentaux comme la plus haute tour d’Europe ou de 4 grandes tours à l’emplacement des anciennes usines Pleyel. Nous ne sommes pas encore à Dubaï, sur une tour de près d’1 km – le gratte-ciel Burj Khalifa fait bien 828 mètres, on a été vérifier pour vous – mais l’envie de faire du jamais vu est bien présente !
Finalement, une seule tour sur quatre, dite la « tour Ouest », est édifiée entre 1969 et 1973 et vous nous direz que c’est sûrement déjà bien assez suffisant ! D’un squelette métallique et en béton armé, la tour carrée se réduit légèrement d’étage en étage donnant un effet d’optique qui n’est pas des moindres. On dirait qu’elle est bien plus haute qu’en réalité, vous ne trouvez pas ? Passée de propriétaire en propriétaire, la tour appartient aujourd’hui à la Société Pleyel Investissement et va jouer un rôle important dans les jeux Olympiques et Paralympiques 2024 puisqu’il est prévu d’en faire un hôtel de 700 chambres, trois et quatre étoiles, avec piscine au sommet ! Alors, ambitieuse ou non cette tour Pleyel ?
C’est ici que se termine notre balade ! C’était chouette de vous avoir en notre compagnie !
Si vous souhaitez un peu prolonger le voyage, on vous conseille le Siège de l’Humanité, réalisé par le grand architecte Oscar Niemeyer, situé rue Jean-Jaurès juste à l’arrière de la tour Pleyel mais difficile d’accès avec tous ces travaux. D’ici 2024, vous devriez pouvoir vous y rendre sans trop de difficultés. Si vous souhaitez plutôt rentrer chez vous reposer vos petits pieds tout endoloris, la ligne 13 (Carrefour Pleyel) n’est pas loin. Remontez le Boulevard sur votre droite depuis la place Pleyel, vous devriez apercevoir l’entrée du métro rapidement.
Les Cultiveuses vous disent à bientôt pour de nouvelles aventures !
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