Nathalie Paszko fait partie des très prestigieux artisans de Suivez la flèche, l’association en charge de la reconstruction de la flèche de la Basilique de Saint-Denis. Tailleuse de pierre depuis peu suite à une reconversion professionnelle obligée, elle a accepté de répondre à nos questions pour nous présenter ce métier manuel rare, ses enjeux et la place qu’il occupe actuellement dans la vie des femmes.
Visuels de Lisa Millet.
Bonjour Nathalie. Pourriez-vous nous expliquer pourquoi avoir choisi le métier de tailleuse de pierre ?
Cela fait suite à une réorientation professionnelle qui m'a été imposée suite à un souci de santé que j’ai eu il y a quelques années. Du fait de ne plus pouvoir exercer mon métier, j’ai été dans l’obligation d’en trouver un autre et de faire une introspection de ce que je savais et aimais réaliser.
Depuis mon enfance, je suis quelqu’un de très manuel et j’apprécie me servir de mes mains. Dans un premier temps, je me suis donc orientée vers le travail du vitrail jusqu’à ce que je découvre la taille de pierre et là, c’est devenu une passion ! Ce métier demande de la précision, de l'habileté et de la technicité, compétences que j’affectionne tout particulièrement.
Vous animez depuis 2 ans des ateliers d'initiation à la taille de la pierre dans le cadre du chantier de remontage de la flèche de la Basilique de Saint-Denis auprès de tous les publics. Pourriez-vous nous en dire sur le fonctionnement de ces ateliers ?
Ces ateliers d'initiation à la taille de la pierre sont à destination de tous les publics (scolaires, centres de loisirs, grand public). Les participants s’essaient à cette initiation en découvrant tout d’abord les gestes techniques qui existent dans cette pratique, ainsi que les différents corps de métiers qui font partie de la taille de pierre (la taille en elle-même, la sculpture, la gravure et bien d’autres).
Par la suite, mon rôle c’est de leur montrer comment travailler les blocs de pierre, avant de les laisser prendre en main les outils pour tailler le motif de leur choix sur la pierre.
Mon travail, c’est de leur transmettre les valeurs d'un métier qui est peu connu du grand public. Cela est donc un véritable moment de partage, de découverte et de créativité.
Pour quelles raisons avez-vous choisi de venir partager votre passion en Seine-Saint-Denis ?
J’ai eu la chance d'intégrer l'équipe des artisans de Suivez la flèche à Saint-Denis il y a deux ans. Nous nous sommes rencontrés dans un salon dédié aux artisans d’art et mon profil les a directement intéressés.
C’est super de pouvoir partager avec la population dionysienne ce chantier historique qui se situe sur leur territoire, et de leur faire partager les moments de bonheur que nous pouvons ressentir en exerçant ce métier. Chaque jour, c’est un réel accomplissement.
Quelles sont les femmes qui ont marqué votre parcours de vie ?
En tout honnêteté, aucune ! En réalité, je n'ai jamais eu de repère par rapport à une autre femme qui a exercé un métier similaire ou autre. J’essaye tout simplement de me concentrer sur ce que je dois accomplir en faisant du mieux que je puisse.
En tant qu'artisane expérimentée, trouvez-vous que les femmes sont assez représentées dans votre secteur ? Quels défis avez-vous rencontré/ou non ?
Je n’ai pas les chiffres exacts mais je pense qu’on tourne autour de 75% d’hommes et 25% de femmes. C’est donc très peu ! En tant que femme, quand on arrive seule dans une équipe masculine, il faut prouver son intégrité et ses capacités à se faire accepter.
Cependant, j’ai récemment visité le chantier de la flèche, et ce que j’ai vu montre que les choses changent petit à petit. Dans l'équipe des tailleurs de pierre qui travaillent actuellement sur le chantier, il y a environ 3 femmes pour 4 hommes. Je trouve cela très encourageant et satisfaisant.
Quelles actions concrètes souhaiteriez-vous voir mettre en place dans les prochaines années sur l'égalité hommes/femmes ? Quel chemin reste-t-il à parcourir ?
Cela se fait petit à petit. Nous rentrons dans un monde de plus en plus moderne et où les techniques de travail évoluent.
Auparavant, il fallait être fort et avoir un gabarit suffisamment imposant pour travailler la taille de pierre. Maintenant, avec les techniques qui ont été mises en place, cela est beaucoup plus simple. Mais il y a toujours cette idée que l'homme est plus fort que la femme. Et donc l'image de la puissance masculine est encore très présente, et c'est cela qu'il faut changer : prouver qu'une femme est capable de faire le même métier qu’un homme.
Quels conseils donneriez-vous à des femmes qui aspirent à faire le même métier que vous ?
Rester soi-même. Se dire qu’on est capable de faire ce que l’on souhaite. Montrer qu'on est autonome et adaptable au métier que l’on exerce.
Je le répète mais il ne faut vraiment pas se sentir inférieures aux hommes mais bien au contraire, tout simplement égales. Ce statut de femme multitâche, qui peut parfois être encore présent dans les mentalités, doit petit à petit être rétrogradé. Il faut se dire que nos capacités, nos expériences et nos sens du devoir et du travail nous permettent de faire la même chose que les hommes.
Quelques mots pour conclure pour cette interview ?
Je suis dans un univers peu connu et que peu de personnes côtoient au quotidien. Mais j’aime mon métier ! Et quand on aime ce qu'on fait, on ne considère pas que c’est un travail mais que c'est tout simplement un loisir, une partie de plaisir.
Personnellement, je suis en symbiose avec la pierre que je travaille. Il y a une harmonie qui se crée entre l'outil, la pierre et moi-même. J’ai la chance de pouvoir me servir de mes 5 sens et je considère que j’ai un cerveau manuel dans mes mains. Cette passion me permet de me détacher de tout ce qui m’entoure, et de me concentrer sur ce que je fais et ce que je créé.
Dernière question : faites-vous partie des tailleurs de pierres en charge de la reconstruction de la flèche ?
Oui ! Des entreprises spécialisées ont été choisies pour réaliser ce remontage, et les artisans de Suivez la flèche, dont je fais partie, seront présents pour être au contact avec le public. Nous serons aussi amenés à travailler des pierres remarquables devant eux pour qu'elles puissent être posées et édifiées sur le haut de la flèche. Quel honneur !
Découvrez le portrait de Fergus Singall, artisan qui travaille aussi sur le chantier de remontage de la Flèche.
| L | M | M | J | V | S | D |
|---|---|---|---|---|---|---|
| 1 | 2 | |||||
| 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 |
| 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 |
| 17 | 18 | 19 | 20 | 21 | 22 | 23 |
| 24 | 25 | 26 | 27 | 28 |
Que faire pendant les vacances de février 2025 ?Actualité des sorties, balades, expo à faire pendant les vacances hiver 2025 à Paris et en Seine-Saint-Denis. Zone C.
Idées d'activités gratuites ou payantes, animations pour tous âges à faire en famille ou entre adultes, en solo,...
Envie de découvrir les lieux, histoire de la Corée à Paris ? suivez la balade guidée par Donatien en mars 2025. Il propose également des balades guidées en lien communauté japonaise à Paris, avec des arrêts...komikku en izakaya !
Les espaces d'Abraxas ont servi de décor à Rosé, chanteuse KPop. Suivez le guide lors d'une visite sur l'architecture de ce lieu qui a aussi servi pour le film Hunger Games.
Suivez Raphaelle pour une sortie sur le thème Sri-Lanka et culture tamoule ! balade en février 2025 et mars.
Envie d'en savoir plus sur l'Inde sacrée, visiter un temple sikh ou hindou... suivez votre guide. Visites pendant les vacances de février et en mars 2025.
