Thomasine Zoler est férue d'art contemporain et de street-art, en particulier de graffiti, dont elle explore l'histoire, les pratiques et les grands noms au cours de ses interventions pour ExploreParis.com. Rencontre avec une passionnée.
Bonjour Thomasine, pouvez-vous nous présenter votre parcours et ce qui vous a poussé à devenir guide-conférencière ?
J’ai commencé mes études en Histoire des arts dès le lycée et je me suis spécialisée à la fin de ma licence en art contemporain. Pour être honnête, je suis devenue guide-conférencière un peu par hasard. Après mon master 2 en Histoire des arts, je voulais entreprendre une thèse et j’ai décidé de prendre du temps pour la préparer : commencer des recherches sur mon sujet et travailler en parallèle. Pendant cette période j’ai travaillé dans diverses institutions (musée, bibliothèque, galerie d’art) et comme assistante d’artiste ou de commissaire d’exposition.
J’ai également eu l’occasion de réaliser des visites guidées au Musée Maillol, à Paris, lors de trois expositions d’art moderne et contemporain. J’ai trouvé l’exercice d’adapter son discours au public très intéressant. Transmettre des connaissances et partager sa passion est un vrai plaisir ! J’ai donc fait la demande pour obtenir la carte de guide-conférencier afin de pouvoir réaliser des visites dans les Musées Nationaux (ces musée n’acceptent que des guides possédant la carte).
Depuis, j’ai pu guider tous types de public : groupes scolaires, adultes, individuels, seniors, mais également des personnes dites « du champ social » ou en situation handicap. Je n’ai toujours pas entrepris ma thèse, mais je la garde en tête et continue mes recherches, je la réaliserai certainement un jour.
Vous commentez des croisières street-art sur le canal de l’Ourcq et sur le canal Saint-Denis sur ExploreParis.com. D’où vous vient cet intérêt pour le street-art, le graffiti et les mutations urbaines ?
Depuis toujours, je suis fascinée par les graffitis, dessins et messages sur les murs qui ornent les voies ferrées. Quand j'étais petite, je prenais le train presque tous les week-ends avec ma mère (qui n’a jamais passé son permis de conduire, le train et le métro restaient nos principaux moyens de transport) pour rendre visite à notre famille. J’étais surtout intriguée par la profusion de messages sur les murs et impressionnée de retrouver les mêmes noms partout en France (que je n’arrivais pas tout à fait à déchiffrer mais dont je reconnaissais la forme, un peu à la manière d’un logo).
Cette passion s’est ensuite accrue à l’adolescence par ma visite de lieux peints, de murs ou de bunkers en Normandie ou ailleurs... et par ma rencontre avec d’autres jeunes qui pratiquaient cet art. Mais aussi lors de voyages avec des amis en Europe : Allemagne, Italie, etc.
Par la suite, je m’y suis intéressée d’un point du vue théorique dans le cadre de mes études en Histoire des arts, en tirant des parallèles avec les artistes d’art contemporain. J’ai écrit un mémoire sur le sujet et j’ai rencontré, au cours de stages, des street-artistes et des graffeurs. Puis, quand je me suis installée il y a quelques années à Saint-Denis, j’ai découvert les activités du Mur 93 et j’ai fini par intégrer l’équipe, principalement composée d’artistes. Le président de l’association, Nicolas Obadia, m’a proposé de réaliser avec lui des croisières street-art sur le canal de l’Ourcq et le canal Saint-Denis, ce que j’ai accepté avec grand plaisir. J’avais déjà réalisé des visites à pied dans des institutions ou en extérieur dans les rues de Paris et de Saint-Denis, mais sur l’eau c’était une première ! Depuis, je monte des projets de médiation avec d’autres associations, comme L’Écluse (fondée par Malo Garnier) qui conçoit et produit des projets d'art urbain, ou encore Makadam, l’association de l’artiste BerthetOne qui se concentre sur la prévention et la réinsertion par l'art.
Avez-vous une visite préférée ? une anecdote à partager avec nous ?
Pour chacune de mes visites je réalise un travail de recherche, de documentations, de lectures, de prises de photos et d’entretiens. Elles sont toutes particulières et il m’est difficile de faire un classement. J’adore celle sur l’histoire et l’évolution des Magasins Généraux de Pantin, ou celle sur le Panorama de l’art urbain autour de Saint-Denis où l’on découvre aussi bien des street-artistes internationaux que des pionniers du graffiti : le crew des 93MC, Seth, Case Maclaim, Joachim Romain, pour en citer quelques-uns. Je n'ai pas de visite préférée.
Toutefois, le cycle de visioconférences concernant le parcours des artistes Lek & Sowat me tient particulièrement à c½ur. Je suis leur travail depuis des années. Pour l’anecdote, en 2012 je suis allée voir leur première exposition au Palais de Tokyo avec un ami, mais nous sommes arrivés le lendemain du vernissage et l’exposition était fermée au public. Nous avons croisé devant la porte menant aux escaliers de secours, que les artistes avaient investis, un agent de sécurité incendie qui était présent la veille et qui nous a parlé du vernissage avec passion. Voyant notre intérêt commun et l’enthousiasme que nous partagions autour de leur projet, il nous a ouvert et fait une visite plus que privée du lieu. Je ne l’oublierai jamais.
Merci beaucoup Thomasine !
Retrouvez l'actualité de Thomasine sur Instagram et découvrez le projet street art La Babcockerie. Découvrez l'interview du graffeur Meuh qui anime des visite avec Thomasine Zoler.