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Tristan Bayle


Après avoir exploré le monde, Tristan Bayle a posé ses valises en Seine-Saint-Denis. Un territoire dont il a appris à connaître l’histoire et suivre la mouvance. Il le raconte aujourd’hui avec ses mots, à des publics venus du monde entier, en animant des balades en Seine-Saint-Denis, tout en continuant de guider des touristes dans plusieurs régions de France. Découvrez son portrait.

Bonjour Tristan, pouvez-vous nous présenter votre parcours ? 

Tristan Bayle, visite au Palais RoyalAprès avoir grandi en Normandie, j'ai fait une prépa de lettres suivie d’études d'histoire-géographie à Paris. Pendant mon année de maîtrise, l'armée a validé ma demande de volontariat à l'aide technique pour la Nouvelle-Calédonie. 

Je suis donc parti un an et demi à Nouméa. En 1998, sur le chemin du retour, j'ai effectué un long voyage au Moyen-Orient en auto-stop avec un ami. Nous sommes rentrés du sultanat d'Oman jusqu'à Paris, en stop, en passant par les Émirats Arabes Unis, l'Arabie Saoudite, la Jordanie, la Syrie, la Turquie, la Grèce, et l’Italie. C’est un voyage qu’il serait presque impossible à faire aujourd'hui dans ces conditions. 

En rentrant, je n'avais plus un sou. Une amie qui guidait des groupes de touristes américains m'a proposé de faire la même chose.

J'ai donc commencé à guider des groupes de touristes américains dans toute l’Europe, ce que je continue à faire occasionnellement même si je travaille beaucoup plus comme guide local. 

En effet, il y a 7 ans, j’ai passé la licence de "guide-conférencier" et j’ai commencé à guider des touristes américains, principalement au Louvre, à Versailles, etc. 

Pendant la COVID, notre fédération de guides, la FNGIC, avait monté des visites de quartiers parisiens en association avec la mairie de Paris. La fédération souhaitait ouvrir deux balades hors de Paris dont une à Saint-Denis. Comme j'habitais dans le 93, à Pantin, j'ai été appelé pour monter une visite sur le c½ur historique de Saint-Denis. Pourtant, je ne suis pas plus proche de cette ville que les habitants du 18ème ! Je suis alors aller taper à la porte de l’office de tourisme de Plaine Commune pour préparer cette visite. J’y ai rencontré Dominique Gandolfi, excellente guide conférencière qui travaillait pour cet office et qui m'a orienté sur les différents endroits à visiter. 

J'ai ensuite monté d'autres visites avec elle, dont notamment celle du village des athlètes en construction. Il s’agissait des toutes premières visites pour les touristes français sur ce site en 2020. C'était le tout début ! 

De fil en aiguille, j'ai développé une vraie affection pour ce territoire que je connaissais déjà mais dans lequel je ne guidais pas ma clientèle habituelle de touristes américains ! 

C’est comme cela que j’ai commencé à proposer des visites sur des thématiques urbaines dans plusieurs villes de la Seine-Saint-Denis. Pour moi, c’est un challenge beaucoup plus intéressant que de guider à Versailles par exemple. 

La Seine-Saint-Denis est un territoire en constante mutation. En quoi est-ce un terrain de jeu intéressant pour vous ? 

Visite guidée quartier carrefour Pleyel Saint-Denis avec Tristan BayleDéjà parce qu'il est mal compris. L'histoire du développement de Paris fait que la capitale s'est densifiée sur une zone très restreinte. Je parle bien du petit Paris et de ses 20 arrondissements qui, sans les bois, ne font que 85 km² ce qui est vraiment très peu par rapport aux autres grandes villes européennes.

A contrario, la Seine-Saint-Denis fait 2,5 fois la taille de ces 20 arrondissements. Les visiteurs ont rarement cet aspect là en tête. Les caricatures qui sont faites sur ce département qui est bien plus grand que la capitale amène à des incompréhensions. Mon métier consiste notamment à recentrer les choses pour éviter ces caricatures. De la même façon que le Marais ne ressemble pas à Belleville ou que Montmartre n'est pas le quartier latin, nous avons des écarts très importants dans le 93 entre certains quartiers ou certaines villes. Ces différences – malgré localement de vraies difficultés sociales – sont aussi source de richesse.

Les dynamiques urbaines en Seine-Saint-Denis sont issues d'un passé finalement assez récent : le XIXe siècle et la révolution industrielle. Ensuite, il y a 50 ans, la désindustrialisation avec la crise du pétrole a joué un rôle majeur. 

C'est une histoire assez proche, à laquelle les visiteurs peuvent se connecter facilement. Si on leur parle de leurs arrière-grands-parents, des usines ou du passage de la campagne à la ville, ce sont des choses qui les touchent souvent un peu plus que l'histoire des Parisii il y a 2200 ans. 

Quant à la mauvaise réputation de la Seine-Saint-Denis, elle s'appuie sur des faits divers, qui, même s'ils sont récurrents, ne représentent pas du tout l'intégralité de ce département. Dans la majeure partie du territoire, les habitants vivent tranquillement et sont attachés à leur cadre de vie. Sur mes promenades, la clientèle vient souvent du petit Paris et elle a parfois des préjugés dus à l'effet de loupe des médias sur ces faits divers. En parler ouvertement fait partie de mon métier de guide.

L'image fantasmée de la banlieue comme une terre de béton a même empêché les visiteurs d'imaginer un 93 bucolique. Et pourtant ! Lorsque je guidais des groupes entre le Bourget, Dugny, et le parc Georges Valbon sur la thématique des JO, les visiteurs étaient très surpris de voir le nord du parc notamment et de se retrouver comme à la campagne, alors qu'on est à quelques kilomètres seulement du petit Paris. Le parc fait plus de 400 ha contre moins de 25 pour les jardins du Luxembourg. Les croisières sur la Seine autour de l'île Saint-Denis également sont très champêtres. Une des trois parties du village des athlètes se trouve d'ailleurs sur l'île Saint-Denis, plus accessible encore via la toute nouvelle station Saint Denis Pleyel sur la ligne 14 et le nouveau pont Louafi Boughera (héritage des JO). Quand on va au nord de l'île, avec son parc départemental, on est sur les bords de Seine et on a l'impression d'être à l'époque de Manet, de Caillebotte ou de Sisley qui a donné son nom au collège local.

En ce sens, les JO ont été une étude de cas intéressant pour vous ? 

Visite quartier Pleyel Saint-Denis avec Tristan BayleLa méconnaissance du département a entraîné les mêmes incompréhensions et exagérations sur l'organisation des JO en Seine-Saint-Denis

Entre l'obtention des Jeux en 2017 et 2024, les journaux et les réseaux sociaux ont cherché à faire le buzz au dépens des JO sans voir sur le long terme ce que les Jeux pouvaient apporter à un département en manque d'investissement. Taper sur l'organisation devait j'imagine rapporter plus de vues que de parler des aspects positifs : les trains qui arrivent à l'heure n'intéressent personne, paraît-il... 

Beaucoup de choses fausses ont été écrites sur le financement, sur les transports, sur la construction du village, etc. Pendant quatre ans, nous étions un petit groupe de guides à nous battre contre les idées reçues et à mettre en valeur notamment les normes environnementales qui s'appliquaient aux constructions olympiques. Contrairement à ce qui a été répété partout, il n'y a pas que l’Aréna de la porte de la Chapelle et le centre aquatique de Saint Denis qui ont été construits pour les Jeux mais aussi toute une série de sites sportifs d’entraînement pour les athlètes (piscines, stades, gymnases...). 

Il ne faut pas oublier que 80% de l'argent public dépensé pour les JO l'ont été dans notre département. Cela a permis un léger rééquilibrage en matière d'équipements sportifs, le 93 étant très carencé en la matière mais aussi des travaux de requalification des espaces publics qui font du bien au quotidien (je pense par exemple aux abords du canal Saint Denis). 

Notre travail de guide en Seine-Saint-Denis consiste donc aussi à remettre certains fantasmes en perspective, comme la gentrification supposée du 93 à cause des JO. À écouter ou à lire certains journalistes, la Seine-Saint-Denis allait devenir tout d'un coup aussi gentrifiée que le Marais. En montrant la complexité du territoire aux visiteurs, ils peuvent prendre conscience que les JO ont eu un impact sur des zones bien limitées du territoire, souvent sur d'anciennes friches inhabitées. Certaines modifications sur le long terme ne sont pas particulièrement dues aux JO, mais plus à l'arrivée du Grand Paris Express. Personnellement, je ne pense pas que cela soit un mal de redynamiser des lieux qui en ont besoin, y compris en amenant ponctuellement des populations avec plus de revenus. N'est-ce pas cela aussi la mixité sociale ? Comme j'envisage mes visites comme des conversations ouvertes, cela a amené du débat contradictoire, parfois animé...

Vous avez la particularité de proposer des balades à vélo. Quels avantages apportent-elles ?

Proposer des balades guidées à vélo est un choix basé sur la géographie du 93. Nous sommes sur un grand territoire dont les points notables et patrimoniaux sont parfois assez éloignés les uns des autres. Suivre une visite très pointue sur un seul site n'est pas toujours ce que notre clientèle cherche. Le vélo offre cette possibilité de parcourir des plus grandes distances, ce qui est intéressant. 

Une fois de plus, cela dépend du thème : les c½urs historiques de Pantin ou de Saint-Denis ne nécessitent pas d'autres outils qu'une bonne paire de baskets.

Parlez-nous de votre collaboration avec ExploreParis.com. Qu'est-ce que la plateforme vous a apporté ? 

Avant toute chose, il s’agit des gens qui y travaillent ; j'y ai découvert une équipe très sympa avec qui j'ai plaisir à travailler et à monter de nouveaux projets. 

Ensuite, j'aime l'idée qu'Explore Paris, c'est le grand Paris et pas uniquement le petit Paris dont on parlait précédemment. On fait venir une nouvelle clientèle qui passe de l'autre côté de la "limite".  Nous sommes sur un territoire où les choses bougent, où c'est vivant, où il y a de l'humain. 

Enfin je trouve le concept génial : Explore Paris arrive à faire profiter tout le monde, petits et grands parisiens, d'une offre très variée. La plateforme Explore Paris a permis de créer des visites niches qui auraient été impossibles à monter sans cela. Une agence privée n'a pas les moyens de se lancer sur des balades aussi spécifiques. 

Explore Paris, grâce aux départements impliqués dans le projet, a un budget et une volonté de mettre en avant et en valeur cette offre-là, ce qui est tout simplement unique.

Avez-vous une visite préférée ? Une anecdote à partager ? 

Non, j'aime justement varier les visites. Avoir une visite préférée, cela veut dire que tu es content de faire tout le temps la même, ce qui n'est pas mon cas.

Cela dit, j’ai beaucoup aimé organiser des visites autour de l'héritage des Jeux Olympiques

Il y avait notamment une visite à vélo où on partait de la Villette et on se rendait jusqu'à l'Île Saint-Denis. On passait par les différentes passerelles qui ont été construites pour les JO, la rénovation du canal Saint-Denis, le Stade de France, le Centre aquatique olympique, le franchissement urbain Pleyel et le village des athlètes, notamment. Cet itinéraire permettait vraiment de découvrir les abords du canal Saint Denis, qui est un axe structurant de cette partie du département. 

J'ai aussi aimé travailler au Bourget et à Dugny qui sont des villes assez peu connues.

Au-delà de ces visites, il y a la rencontre avec les visiteurs qui fait la particularité de notre métier. Beaucoup de délégations étrangères sont venues pendant les JO, notamment au village des athlètes. Travailler en anglais me permet alors de montrer un territoire méconnu à une population qui, elle, n'a pas de préjugés sur les lieux. C'est une clientèle très ouverte à qui on peut expliquer que certes, nous sommes sur un territoire qui n'est pas très riche, mais très dynamique, jeune et en perpétuel mouvement. Ils sont réceptifs à ça.

Quelques souvenirs mémorables sont les visites du chantier du village olympique dans la boue et surtout, sous la pluie, où je rentrais ensuite et j'essorais mes chaussettes. Il y avait une forme de sacerdoce à y aller en me disant "coûte que coûte, je vais guider sur ce territoire et montrer aux gens qu'il y a des choses intéressantes à faire ici", même si je rentrais lessivé par ces visites. C'était marrant, on s'envoyait des messages entre guides : "ça y est, j'ai encore essoré...".

Quelles bonnes adresses nous recommandez-vous ? 

J'ai une bonne adresse à Saint-Denis : le Transmontano, qui est un petit restaurant portugais, rue Daniel Casanova. Il est situé au c½ur du Bel Air, un quartier méconnu de petits pavillons ouvriers du début du XXe siècle. C'est un restaurant où on mange entrée, plat, dessert, verre de vin, café, pour 15 euros. Tout ça, fait maison ! Qui dit mieux ? 

Ce n’est vraiment pas un quartier où les touristes vont alors qu'il est juste de l'autre côté du Stade de France auquel il est relié par la nouvelle et magnifique passerelle Lucie Bréard qui enjambe le canal. Ce secteur a beaucoup de potentiel et les familles peuvent encore y trouver une maison avec un jardin à des prix abordables avant que le prolongement du tramway T8 puis la ligne 15 du Grand Paris express n'arrivent. Un quartier oublié, à tort !

Sinon, j’aime bien me balader dans le petit Pantin, tout près de chez moi. Là aussi, on trouve principalement des petites maisons car c'est une zone de carrières où il n'était pas possible de construire de bâtiments élevés ni de grosses usines. 

Voilà un autre quartier très agréable. 


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