Un port de plaisance en Seine-Saint-Denis ?

Le ciel gris et la végétation maussade arrosée de quelques averses n'ont pas vaincu nos 22 visiteurs du port de plaisance de Neuilly-sur-Marne. Localisée sur la Haute-Ile, ce petit lopin de terre coincé entre la Marne et le canal de Chelles, le port de plaisance se découvre après le passage d’une écluse dont le spectacle incessant du va-et-vient des péniches arrête l’attention de l’ensemble des passants.

Surgit alors de son superbe hors-bord, tout droit rapatrié depuis Saint-Tropez, le président de l’association des plaisanciers, capitaine Malon. Ce marin devant l’éternel, endurci par la vie en mer, ne craint ni la météo capricieuse ni les bourrasques de questions qui émergent des visiteurs passionnés.

La balade débute en compagnie d’Emmanuel Larue, responsable de la capitainerie du port, qui précise toutes les modalités administratives liées à la vie dans un port de plaisance et particulièrement dans celui de Neuilly-sur-Marne. Ce port dispose de 80 « anneaux » et une dizaine de résidents. Les places ne sont pas forcément très chères mais l’attente peut-être assez longue, on comprend vite que le coût de la vie sur un bateau est, pour certains résidents, une opportunité économique face au prix du foncier dans ce secteur. L’imposition des plaisanciers en France reste un sac de nœuds et varie selon les territoires. Cela est également le cas pour le raccordement des bateaux à l’eau et au vin. A la grande surprise de tous, le rejet des eaux usées directement dans les eaux du fleuve est généralisé dans ce port, d’ailleurs très rares sont les sites qui disposent en France d’un système de récupération de ces eaux enrichies dont raffolent les poissons.

Le spectacle continue alors avec une manœuvre de parking "en direct", un malheureux batelier ayant perdu l’usage de ses freins avant, chaque membre de la solidaire équipe de plaisancier a mis la main à l’eau pour venir en aide à l’un des leurs. Les yeux humides, sous l’effet de l’émoi créé par cet élan solidaire tellement rare dans nos immeubles, ou serait-ce les gouttes de pluie qui pénètrent jusqu’à nos pauvres guenilles, nous repartons en quête d’habitat extraordinaire. C’est caché derrière un fouillis d’arbustes que repose un "vaisseau", ou plutôt une péniche de 33m. Frissons garantis. 200m² de surface habitable, un petit tour sur le pont, la découverte d’une "marquise" sur la cabine de pilotage, ce toit rétractable qui permet de se glisser plus facilement sous les ponts, pour finalement débarquer sur la terre ferme avec une impression de voyage terminé.

Cette petite croisière depuis le quai, ce voyage sans bagage, a régalé tous les participants qui n’ont pas voulu lâcher notre cher capitaine avide de petites histoires. Bon vent, et à bientôt au port de Neuilly-sur-Marne.

Tout l'été, rendez-vous au port ou vous pouvez emprunter les navettes fluviales "Passeurs de Marne".