L'association Sors de terre à Bagnolet révèle le potentiel agricole, écologique, pédagogique et social des terrains sans usages en ouvrant des espaces de jardinage biologique.
15h30, soleil de printemps, bêlement de chèvres en attente de leur casse-croute, petite prairie aménagée, et ferme en bois rafistolée au fil des mois. Nous sommes au c½ur de Bagnolet, au pied d’un arrêt de bus et logé entre un immeuble d’habitation et une école maternelle. Ce terrain propriété de la ville est aménagé par l’association "Sors de terre" qui « révèle le potentiel agricole, écologique, pédagogique et social de terrains sans usages ».
Avant d’être écologique et pédagogique, cette initiative cherche avant tout à s’intégrer sur un territoire. Les habitants sont consultés et les jardins sont imaginés selon des modes d’appropriations et d’usages plutôt que par leur seul contenu végétal. Ces jardins s’intègrent dans le temps et, au fil des saisons, offrent des clés pour appréhender l’environnement local. Après quelques saisons de floraisons, un berger ramène des animaux : gnognotte, gâfette, gredine et leurs copines, viennent squatter le territoire et s’imposent vite comme les nouvelles starlettes du quartier.
A l’origine du projet, Gilles Amar nous rappelle qu’il y a toujours eu des animaux à Bagnolet, et notamment des chèvres. Mais l’aménagement pour l’adaptation au contexte urbain contemporain est de la pure débrouille. Un « roule-bête » bricolé facilite les déplacements qui s’apparentent à des sorties au parc, mais l’activité d’éco-pâturage garantit un financement au bon fonctionnement de la ferme. Le pâturage est totalement intégré dans le plan de gestion des espaces verts de la ville et les animaux représentent une alternative économique et écologique pour l’entretien de ces espaces. Pelouse, sous-bois, etc. tout est bon pour les brouteuses et la diversité représente une richesse alimentaire recherchée.
Le projet grandit avec le temps mais tout s’est fait en fonction de la demande et des sollicitations. Gilles nous rappelle que le plaisir est la base de leur activité à la ferme. « On cherche à produire notre propre sens » en jouant avec les symboles et en floutant les limites entre l’urbain et le rural. La ferme ne s’enferme pas derrière des étiquettes mais joue un rôle d’ouverture « on est là pour ouvrir des fenêtres », pour que les voisins et les jeunes en particulier découvre le pastoralisme et l’agriculture, même en ville, surtout en ville.
16h30, une voisine qui observe les chèvres depuis son salon débarque, salue ses meilleures copines et prévient Gilles en rigolant que la plus grande arrive à grimper sur la haie. Il va donc falloir bricoler une nouvelle barrière, les chèvres deviennent adultes et tout le quartier grandit avec elles…
Accompagnés de Gorbatchev, reconnaissable à sa tâche sur la tête, venez découvrir les maîtres de l’éco-pâturage en zone urbaine !
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