Peu entretenues, parfois dégradées, les cités-jardins sont de plus en plus dépréciées au cours des années 1960. Toutefois, la reconnaissance de leurs qualités par les architectes, urbanistes et historiens de l’architecture permet la protection de certaines d’entre elles. La cité-jardin de Stains est ainsi protégée au titre des sites et du paysage depuis 1976. Elle a été reconnue comme un ensemble architectural, urbain et paysager remarquable, témoin des premières politiques publiques en matière de logement social. A l’époque de sa construction, la cité répondait, en priorité, à l’hébergement des populations ouvrières travaillant dans les usines de Saint-Denis, Le Bourget, La Courneuve. Les concepteurs souhaitaient non seulement donner un logement de qualité à ses habitants, mais encore leur donner accès à des équipements destinés à améliorer leur qualité de vie : théâtre, établissements scolaires, lavoirs et bains-douches…
L’enjeu est de restaurer et requalifier un patrimoine historique d’exception en vue de l’adapter aux normes de confort et aux contraintes de la vie urbaine contemporaine. Le niveau de confort de la majorité des logements est, en effet, devenu, au fil des années, inadapté aux normes et usages en vigueur.
La protection de la cité-jardin, sa réhabilitation sont relayées par un travail de mise en valeur patrimoniale et touristique qui débute par une réappropriation de la cité-jardin par ses habitants. Cette valorisation, initiée par les collectivités, porte une grande attention à l’histoire et à la mémoire de ce quartier. À une autre échelle, un des objectifs poursuivis est la création d’un réseau de cités-jardins, françaises et européennes.
La rénovation a pu être engagée et bénéficier de financements car elle s’inscrit dans une contractualisation avec l’État, par l’intermédiaire de l’Agence nationale de renouvellement urbain (ANRU).
Le réaménagement des espaces publics concernent la place Marcel Pointet et les avenues Paul Vaillant Couturier nord, Paty, Division Leclerc, François Bégué. Ils sont menés par la communauté d'agglomération Plaine Commune.
La cité-jardin de Stains a la particularité de posséder des c½urs d’îlots. Ces espaces verts avaient pour fonction d'offrir aux habitants des collectifs des parcelles de jardins potagers et des aires de jeux (boulodrome, piste de patin à roulette, bac à sable...). Au fur et à mesure, ces espaces sont partis à l’abandon. Le projet de rénovation, engagé en 2005, les concerne également.
Ce contrat établi entre l’État, l’Office public d'habitations de la Seine-Saint-Denis (propriétaire de la cité-jardin de Stains), la ville de Stains et Plaine Commune implique une forte concertation des habitants et un travail de communication mené de manière partenariale par l’unité territoriale de rénovation urbaine de Plaine Commune. Dans ce cadre, des journaux suivant le déroulement la rénovation, sont édités : « Quartier d’avenir – le journal de la rénovation urbaine ».
Télécharger les anciens numéros de Quartier d’avenir – le journal de la rénovation urbaine:
Quartier d'avenir n°1/ août 2007
Quartier d'avenir n°2/ janvier 2009
Quartier d'avenir n°3/ février 2010
Quartier d'avenir n°4/ décembre 2010
La variété des éléments composant les façades de la cité-jardin, tant dans les formes que dans la nature des matériaux utilisés, en font toute la richesse architecturale. Le matériau le plus présent est la brique. Celle-ci est, en majeure partie, assez claire, de teinte jaune à rose. Ce sont alors des briques de type silico-calcaire. Réputées fragiles et pourtant bien conservées, elles portent l’encrassement cumulé de prés de 80 années de pollution. Les opérations de nettoyage prévues sur ces façades sont d’autant plus délicates.
La cité-jardin présente la particularité de disposer de différents matériaux en façade :
Ces matériaux ne possèdent pas les mêmes caractéristiques chimiques et mécaniques ; de plus, ils possèdent des degrés et des types de salissure différents : les façades exposées apparaissent fortement contaminées par les salissures urbaines alors que d’autres façades le sont peu.
Nettoyage des façades (2004)
La brique a été nettoyée par la procédure de micro gommage à basse pression par voie humide. Ce nettoyage a permis d’obtenir facilement l’enlèvement de toutes les salissures et de bien faire ressortir les couleurs d’origine de la brique. Les parties en béton, qui ne risquent pas d’être abîmées, ont été traitées par hydrogommage. Les sous faces de balcons présentent des auréoles blanches dues à la carbonatation et à une dépigmentation.
L’application d’une barbotine teintée constitue une solution de traitement de ces tâches inesthétiques. Les soubassements en meulière, qui ne risquent pas d’être abîmés, ont été traités par hydrogommage. Les briques vernissées ont été traitées par un nettoyage à la brosse, à l’aide d’un produit chimique.
Les jointoiements, paraissant particulièrement dégradés sur certaines zones, ont été reconstitués à l’aide d’un mortier de chaux, qui devrait pouvoir conserver une certaine souplesse lors des cycles de dilatation de ces briques. Les façades peintes doivent subir un décapage. La difficulté de ce travail réside principalement dans la grande variété des peintures utilisées par les locataires. Il est alors nécessaire de disposer de plusieurs produits de décapage différents, afin de pouvoir s’adapter à chaque peinture rencontrée.
La Cité-jardin est un ensemble cohérent et riche de son patrimoine urbain, architectural et paysager, qui a traversé le temps. L’enjeu de la requalification de son espace public est la préservation de l’esprit de cet ensemble, c’est-à-dire l’adaptation du site aux besoins d’aujourd’hui dans la mesure où ils ne compromettent pas les principes de composition originels.
La requalification se fonde donc sur un parti sobre et épuré, privilégiant la discrétion afin de respecter le caractère de l’ensemble, et bien sûr durable, pour une ½uvre qui doit continuer de bien traverser le temps.
Cette exigence se décline, en termes de requalification de l’espace public, au niveau du patrimoine arboré, du traitement de sol, du mobilier urbain et de l’éclairage public.
Afin de faciliter la cohabitation des différents utilisateurs de l’espace public et de dissuader le trafic parasite à travers le quartier, la vitesse sera limitée, à terme, à 30 km/heure dans l’ensemble de la cité-jardin. Dans le cadre de cet apaisement du trafic, les circulations cyclables sont intégrées au sein du site partagé de la voirie.
Enfin, dans le cadre d’une démarche volontariste de limitation de la place de la voiture en ville au bénéfice du développement et de l’amélioration des modes doux de circulation et des transports en commun, une optimisation de l’intégration du stationnement au sein de l’espace public est à mettre en ½uvre pour permettre de limiter l’impact du stationnement en l’intégrant dans l’aménagement paysager et en l’encadrant fortement.
Place Pointet durant les travaux (2007) & état projeté de la Place Pointet
Photomontage de la Place Pointet avant/après rénovation (Cliquez pour agrandir)